Si ce n’était pas pour le soutien des États-Unis, du Canada et de la France, Ariel Henry aurait depuis longtemps été réduit à l’oubli en raison de son incompétence et de ses liens présumés avec des gangs criminels, déclare un dirigeant d’un mouvement sociopolitique qui préfère rester anonyme.
Gabriel Boric, président du Chili, a dirigé un hommage émouvant ce samedi à Washington en mémoire de l’ancien ministre chilien des Affaires étrangères, Orlando Letelier, à quelques pas de l’endroit où il a été assassiné en 1976 dans un attentat à la bombe en raison de son combat acharné contre la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990).
Dimanche 24 septembre 2023 ((rezonodwes.com))–Dans son discours, Gabriel Boric a appelé les États-Unis à réfléchir profondément à leur rôle dans la dictature de Pinochet, ainsi que dans d’autres pays d’Amérique latine, (NDLR: la dictature des Duvalier 1957-1986) dans ce qui a été connu sous le nom de « Plan Condor » en pleine Guerre froide.
« Nous espérons vraiment que les États-Unis réfléchiront davantage à ce qu’ils ont encouragé au Chili. Pas seulement au Chili, mais dans d’autres pays d’Amérique latine« , a déclaré Boric, le président le plus à gauche à accéder au pouvoir depuis le renversement de Salvador Allende (1970-1973).
Boric a exprimé sa gratitude envers un groupe de membres progressistes du Congrès américain, dont le sénateur Bernie Sanders et la représentante Alexandria Ocasio-Cortez, qui ont présenté cette semaine une résolution pour demander des excuses pour le rôle de Washington dans la dictature et exiger la déclassification de davantage de documents sur les événements.
« C’est très important pour nous, cela signifie beaucoup pour nous », a souligné Boric devant l’auditoire.
Son discours, sous une pluie incessante, a eu lieu sur la place Sheridan Circle, au cœur de Washington, à quelques mètres de l’endroit où, le 21 septembre 1976, une voiture piégée a coûté la vie à Letelier, qui avait été ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Salvador Allende et un ardent défenseur du retour de la démocratie au Chili.
Aux côtés de lui, la citoyenne américaine Ronni Moffit a perdu la vie, elle travaillait pour l’Institut d’Études Politiques (IEP), un groupe de réflexion qui avait servi de plateforme à Letelier pour dénoncer la dictature chilienne.
Dès le début, l’entourage de Letelier a accusé Pinochet d’être l’auteur de l’attentat, mais les États-Unis n’ont révélé que 40 ans après l’assassinat de Letelier que leurs services de renseignement connaissaient l’auteur de l’attentat, lorsqu’ils ont déclassifié des documents liés à sa mort.
« Nous avons appris grâce à des archives déclassifiées, de nombreuses années après le crime, que cette attaque de la DINA (Direction nationale du renseignement) qui a eu lieu sur cette place Sheridan contre Orlando et Ronni a été ordonnée directement par le dictateur », a affirmé Boric.
Il a ensuite exprimé sa gratitude envers Peter Kornbluh, un Américain qui a joué un rôle clé dans la déclassification de ces documents sur la mort de Letelier et qui a reçu les applaudissements chaleureux du public.
Boric a également souligné l’importance de défendre la démocratie, en particulier à l’occasion du 50e anniversaire du coup d’État qui a mis fin à la vie de Allende et a installé la brutale dictature de Pinochet.
« Nous savons que la démocratie est menacée de diverses manières, peut-être que les formes aujourd’hui sont différentes de celles d’il y a 50 ans, mais notre engagement envers elle et le respect inconditionnel des droits de l’homme doivent être totaux, quelles que soient les circonstances, car il n’y a pas d’inévitabilités dans l’histoire », a déclaré Boric.
Après son discours, Boric s’est approché pour contempler la plaque au sol devant le Sheridan Circle, qui rend hommage à Letelier et Moffit. On y trouve leurs visages sculptés, leurs dates de naissance et de décès, ainsi que les mots « justice », « paix » et « dignité ».
Cette plaque ainsi que toute la place du Sheridan Circle étaient ornées de clématites rouges et blanches en hommage à Letelier.
Après l’attentat et l’arrivée du démocrate Jimmy Carter à la présidence en 1977, les États-Unis ont pris leurs distances avec le Chili et d’autres dictatures de la région, bien que la rupture totale avec Pinochet ne se concrétise que dix ans plus tard.
Le coup d’État militaire au Chili a marqué le début d’une cruelle dictature qui a duré 17 ans, coûtant la vie à plus de 40 000 victimes, dont au moins 3 200 opposants assassinés, dont un millier reste toujours disparu.
Source: EFE