16 juin 2024
Un enfant sur cinq souffre de malnutrition aigüe à Cité Soleil
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Un enfant sur cinq souffre de malnutrition aigüe à Cité Soleil

Lundi 24 octobre 2022 ((rezonodwes.com))–

Vatilde Lynda, 27 ans, est une mère soulagée. Ces derniers jours, elle a pu constater que son petit Colas Darlens reprenait du poids. 

« Grâce à ces aliments, mon bébé ne souffre plus de malnutrition aigüe. J’ai commencé à lui donner du Plumpy’Nut et son poids commence à augmenter. Je suis très contente et satisfaite des résultats de mon enfant », a -t-elle dit.

Le Plumpy’Nut est un aliment thérapeutique prêt à l’emploi (ATPE) utilisé pour traiter la malnutrition aiguë sévère chez les jeunes enfants. Avant que le fardeau ne lui soit ôté, la mère de trois enfants a souffert en silence.

« Mon mari est malade depuis quelques mois et il est en province. Je suis toute seule avec les enfants, ce qui a fait que mon bébé Colas Darlens a beaucoup maigri ».

Près de 100 000 enfants de moins de cinq ans qui souffrent déjà de malnutrition aiguë sévère – également appelée émaciation sévère – sont particulièrement vulnérables à l’épidémie de choléra qui frappe actuellement Haïti

Alors qu’une grande partie du pays est confrontée à une insécurité alimentaire croissante, les enfants souffrant de malnutrition aiguë ont un système immunitaire affaibli et courent au moins trois fois plus de risques de mourir s’ils contractent le choléra, renforçant davantage la nécessité d’une action urgente pour contenir la maladie. Depuis que le choléra a été signalé pour la première fois le 2 octobre 2022, il y a eu 357 cas suspects, dont plus de la moitié chez des enfants de moins de 14 ans. Les enfants âgés d’un à quatre ans sont les plus à risque.

Les enfants des quartiers les plus défavorisés comme Martissant, Carrefour Feuille et Cité Soleil se font soigner au centre de traitement du choléra Gheskio au centre Bicentenaire, Port-au-Prince, Haïti.
UNICEF/Seck

Le bébé de Vatilde souffre de malnutrition comme un enfant sur cinq à Cité Soleil, une commune d’un quart de million d’habitants de l’Aire Métropolitaine de Port-au-Prince. Une évaluation nutritionnelle menée en avril à Cité Soleil a révélé des niveaux de malnutrition critiques, avec un enfant de moins de 5 ans sur cinq souffrant d’émaciation. La malnutrition chronique, ou retard de croissance, est également un problème majeur en Haïti, touchant près d’un enfant sur quatre. De juillet à octobre 2022, le soutien apporté par l’UNICEF et ses partenaires à Cité Soleil a permis de dépister 3 155 enfants de moins de 5 ans et d’apporter une prise en charge de qualité à 1 180 enfants souffrant d’émaciation.

Un enfant en train d'être dépisté de la malnutrition à Cité Soleil.
UNICEF/UN0669916/Suffren

Avec la violence des gangs et l’insécurité qui sévissent à Cité Soleil depuis plusieurs années, les familles n’ont pas accès à une alimentation de qualité, aux bonnes pratiques alimentaires du nourrisson et du jeune enfant, aux services de base pour la santé, l’hygiène et l’assainissement. La nourriture est devenue rare car les ménages se sont appauvris avec le temps.  

« Un des problèmes majeurs du quartier, c’est quand il y a des tirs, nous ne pouvons pas sortir et les enfants ne peuvent pas manger correctement. Presque tous les enfants dans la zone tombent dans la malnutrition », a expliqué Vatilde.

Vatilde a vécu a Cité Soleil ces 18 dernières années, malgré elle. « J’avais 9 ans quand je me suis installée dans ce quartier. J’ai fêté mes 27 ans en janvier dernier. Ce quartier était un dépotoir d’ordures, mais nous n’avons pas d’autre endroit où aller. C’est ici que nous trouvons un abri, donc nous avons décidé d’y rester », s’est-elle résignée.  L’hygiène et l’assainissement ne sont pas optimaux, la couverture vaccinale est faible et les enfants ne sont pas à l’abri des maladies infectieuses.  

Une maman et son enfant prenant part à une séance de dépistage de malnutrition lors d'une clinique mobile organisée à Cité Soleil
UNICEF/UN0669929/Suffren

Haïti est le pays de l’hémisphère nord qui a le taux vaccinal le plus bas. Seul quatre des 10 départements du pays ont atteint le taux de couverture protectrice d’au moins 80 pour cent par antigène. Les taux les plus faibles sont observés au Centre et au Sud-Est où seul un enfant sur trois est complètement vacciné et à l’Ouest où un enfant sur deux l’est.

Dans l’Aire Métropolitaine de Port-au-Prince, 15% des institutions sanitaires sont fermées ou dysfonctionnelles, et avec l’insécurité qui prévaut, la fréquentation de celles encore fonctionnelles aurait baissé de 71,2%. A Cité Soleil, ce sont les organisations humanitaires telles que Médecins sans frontières (MSF) qui offrent à 62% de la population les services de santé dont elles ont besoin. Seul 4% de la population a recours aux intuitions sanitaires publiques. 

Afin de contenir la malnutrition pendant cette recrudescence du choléra, l’UNICEF, le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) et les partenaires ont lancé un dépistage actif pour identifier l’émaciation chez 40 000 enfants de moins de cinq ans, une orientation rapide des cas d’émaciation vers les cliniques mobiles soutenues par l’UNICEF ou vers les établissements de santé les plus proches, ainsi que la fourniture de soins de qualité à 8 000 enfants de moins de cinq ans atteints d’émaciation.

« Aujourd’hui, nous menons une guerre acharnée contre la malnutrition et le choléra, deux menaces mortelles qui mettent la vie des enfants en danger », a ajouté M. Maes. « Le temps joue contre nous, car le choléra se propage rapidement et il y a un risque que l’épidémie devienne incontrôlable. »

Un enfant qui mange du plumpy'nut.
UNICEF/UN0669922/Suffren

L’UNICEF a également mis à la disposition de ses partenaires des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi, du lait thérapeutique (F-75, F-100) et d’autres fournitures pour le traitement de l’émaciation et a renforcé les capacités de traitement et d’hospitalisation adéquates. L’UNICEF travaille également avec les agents de santé communautaires polyvalents (ASCP) pour promouvoir les pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant et pour enseigner aux ménages comment arrêter la transmission du choléra dans la communauté.

 « Un grand merci pour ce programme qui m’aide avec mon bébé bien que son père ne soit pas présent avec nous. Je lui donne ce que j’ai et je l’accompagne avec du Plumpy’Nut, ce qui fait que son poids augmente, » a dit Vatilde.

L’UNICEF a lancé un appel préliminaire pour une réponse spécifique au choléra de 22 millions de dollars US. Jusqu’à présent, cet appel n’a pas été financé.

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