Témoin d’une époque jamais racontée auparavant
Article reproduit textuellement.
Mercredi 10 juin 1807
Journal de l’Empire

Nouvelles étrangères
Etats-Unis d’Amérique
New York, 29 mars 1807
Les nègres et les mulâtres sont en guerre ouverte. Depuis que les mulâtres ont tué Dessalines, ils ont voulu changer la nature du gouvernement de Saint-Domingue; ils ont voulu passer à la république, singeant la Constitution américaine, c’est-à-dire lui donnant pour chef, un président électif tous les ans comme ici: ils avoient nommé Christophe président, en résidence au Port-au-Prince.
Christophe se méfiant sans doute de l’intention des mulâtres, qui auraient voulu l’avoir
loin du Cap et s’en défaire a marché contre eux, et a attaqué le Port-au-Prince, mais n’ayant pu parvenir à s’en rendre maitre, il s’est retiré au Cap avec son armée, et y a établi une constitution républicaine a sa manière, ne différend que très peu de celle des mulâtres et de là il a lancé une proclamation contre ceux-ci, et ils ont répondu par une autre dont je vous envoie copie. Ci-joint quelques fragmens de leur constitution.
Quant à la proclamation de Christophe, on la lit dans les gazettes anglaises; elle ne roule absolument que sur l’imputation qu’il fait aux mulâtres d’avoir été cause du massacre des blancs; il dit que les crimes de Dessalines doivent être imputes à eux seuls.
D’ailleurs, on voit, par la proclamation des mulâtres, sur quoi roule celle de Christophe, puisqu’elle en est la réponse.
