La Constitution de 1801, l’acte qui a valu à Toussaint Louverture son kidnapping à Ennery, le 7 juin 1802, jusqu’à ce que mort s’en suive le 7 avril 1803 en France

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La Constitution est un pacte fondamental qui règle les destinées d’une nation et en aucun cas, elle ne devrait être rédigée selon les caprices de Jovenel Moise, sans mandat constitutionnel depuis 2 mois exactement et ce n’est pas les stratagèmes déployés par un groupe d’hommes habitués à jouer à la politique de clan, qui viendront emmener les Haïtiens à avaler des salades quand l’article 134-2 a déjà tiré les choses au clair.

Toussaint Louverture est réellement le précurseur de l’Indépendance d’Haïti en nous basant sur la Constitution de 1801, la toute première qui a régi la vie en société y compris la République Dominicaine également.

Mercredi 6 avril 2022 ((rezonodwes.com))–La constitution est un pacte fondamental qui règle les destinées d’une nation et en aucun cas, elle ne devrait être rédigée selon les caprices des dirigeants actuels au pouvoir. La Constitution de 1801, la toute première promulguée de notre histoire de peuple, mérite de trouver place en son entière et rigoureuse teneur, telle qu’elle fut votée par l’Assemblée Centrale de Port-au-Prince et proclamée sur la grande place de l’Église du Cap-Français, devant le peuple et devant l’armée, au bruit des salves d’artillerie, pendant que la voix des cloches, écrivit Jules Lermina, chantait dans l’air limpide d’une splendide matinée d’été tropical.

Tous les articles de la Constitution devraient être discutés et arrêtés sans passion, sans préjugés, sans partialité, et pour être finalement adoptés comme le seul code propre à conserver au pays sa tranquillité et à le ramener à son ancienne splendeur. En serions-nous capables en 2021 ?

En 1801, Toussaint Louverture, malgré l’approbation par une Assemblée constituante des 77 articles de la première Constitution de Saint-Domingue, délégua en France auprès du Premier Consul, le colonel Vincent avec une copie originale de la charte fondamentale de Saint-Domingue pour « ratification« . Les critiques de Bonaparte qui voyaient d’un très mauvais œil, la proclamation d’une Constitution à Saint Domingue, ne plaisaient pas du tout au général haïtien de l’Armée française.

L’acte qui a valu à Toussaint Louverture sa déportation en juin 1802 et sa mort mort dans une prison le 7 avril 1803

Cap-Français, le 14 messidor

Après avoir pris connaissance de la Constitution, je lui donne mon approbation. L’invitation de l’Assemblée centrale 
est un ordre pour moi; en conséquence, je la ferai passer au gouvernement français pour obtenir sa sanction ; quant à ce qui regarde son exécution dans la colonie, le vœu exprimé par l’Assemblée centrale sera également rempli et exécuté. 

Donné au Cap-Français, le 14 messidor an IX de la République française une et indivisible…

Le général en chef: 
Signé : TOUSSAINT LOUVERTURE

Contrairement à ce que, l’on croit généralement, l’expédition de Saint-Domingue se préparait déjà dans les ports de 
France, lorsque l’envoyé de Toussaint Louverture, le colonel Vincent, vint présenter à la ratification du Premier Consul la Constitution élaborée et rédigée d’après les ordres du gouverneur-général proclamé à vie de Saint-Domingue. 

Le gouvernement consulaire la considéra comme un acte d’indépendance de la part du Premier des Noirs. Bonaparte décida d’accélérer les préparatifs commencés dans les ports de France afin de replacer Saint-Domingue sous le joug étroit de la métropole.

Le Premier Consul écrivit à Toussaint Louverture,

« La Constitution que vous avez faite,  en renfermant beaucoup de bonnes choses, en contient qui sont contraires à la dignité et à la souveraineté du peuple français, dont Saint-Domingue ne forme qu’une portion… ».

Réponse de Toussaint Louverture à Bonaparte et cette lettre ne pouvait point arrêter sa condamnation sans jugement en France

« Au premier des Blancs
   Du premier des Noirs

Saint-Domingue, colonie qui forme une partie intégrante de la République française, est-il dit dans votre lettre, tend à l’indépendance. Pourquoi ne le ferait-elle pas? Les Etats-Unis d’Amérique firent de même ; et, avec l’assistance de la France monarchique, ils réussirent.

Le poste élevé que je remplis n’est pas de mon choix : il m’a été imposé par des circonstances impérieuses. Si trente millions de Français trouvent leur bonheur, et leur sûreté, comme on l’assure, dans la révolution du 18 Brumaire, sans doute on ne m’enviera pas l’amour et la confiance des pauvres noirs, mes compatriotes…. 

Vous me demandez si je désire de la considération, des honneurs, des richesses. Très certainement ; mais point de votre part. Je place ma considération dans le respect de mes concitoyens, mes honneurs dans leur attachement, ma fortune dans leur fidélité désintéressée. Cette idée mesquine d’avantages, personnels que vous me présentez ne cause-t-elle point l’espérance où vous êtes que je pourrais être amené à trahir la cause que j’ai entreprise? Vous devriez apprendre à estimer les principes moraux des autres hommes d’après les vôtres. 

Si celui qui réclame des droits au trône ou vous êtes assis, vous sommait d’en descendre, que lui répondriez-vous ? Le pouvoir que je tiens a été aussi légitimement, acquis que le vôtre, et rien que le vœu prononcé du peuple dé Saint-Domingue ne me forcera de le quitter ».

Cette lettre donne entièrement raison aux écrivains qui soutiennent que Toussaint Louverture, après avoir habilement conçu et préparé son plan d’indépendance, était sur le point de l’exécuter entre 1801 et 1802. Une indépendance qui, contrairement au 1er janvier 1804, engloba uniquement la partie de l’Ouest, allait être bénéfique pour les dominicains bien avant 1822 pour jouir de la liberté que les haitiens ont fièrement partagée avec eux, pendant 21 ans.

La Constitution de 1801 qui prévoyait en mars 1803, la prochaine élection des membres de l’Assemblée ou le renouvellement de leur mandat, n’était déjà plus en vigueur dès le début de 1802. Et Haïti a attendu le 20 mai 1805 pour adopter sa deuxième charte fondamentale où à l’article 4 il est écrit : — La loi est une pour tous, soit qu’elle punisse, soit qu’elle protège et quant à ce fameux article 12, il a survécu seulement un siècle jusqu’au débarquement des américains en juillet 1915, il stipule: Art. 12. — Aucun blanc, quelle que soit sa nation, ne mettra le pied sur ce territoire, à titre de maître ou de propriétaire et ne pourra à l’avenir y acquérir aucune propriété. »

Ainsi qu’ Haïti est-elle mise aujourd’hui en coupes réglées, des changements radicaux et inexorables que ne prévoyaient nullement, même dans les rêves les plus fous, les visionnaires Toussaint et Dessalines, respectivement Précurseur et Père de l’Indépendance d’Haïti.

recherches : cba
ouvrages consultés : Histoire de Cent Ans par Jules Lermina
Constitution de la Colonie Française de St-Domingue, 1801
Constitution Impériale d’Haïti, 1805

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