Flashback – Quand le Roi Christophe s’est donné la mort le 8 octobre 1820

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Apprenez que des trois principaux Héros de l’Indépendance, sauf l’Empereur Dessalines a pu régner sur les 27 750 kilomètres carrés pendant presqu’environ 3 ans. Haïti était scindé en deux au lendemain du lâche assassinat du Père de la Patrie : Pétion 1807-1818 (Ouest); Christophe 1807-1820 (Nord). Pétion, jusqu’à sa mort survenue en mars 1818, n’a jamais remis les pieds à Vertières…

par le professeur André Jean Rony

Quand le Roi Christophe s’est donné la Mort.

Le 8 octobre 1820, Henry 1er se tira une balle dans le cœur, à Sans-Souci, un riche palais à Milot. Ce qui avait mis fin à un règne de 13 ans scindé entre une présidence de 4 ans (1807-1811) et une monarchie de 9 ans (1811-1820). Ses restes furent transportés, incognito, à la citadelle pour être mis en terre.

Mardi 8 octobre 2019 ((rezonodwes.com))–Ce triste geste est archivé comme étant le premier de ce genre fait par un chef d’État dans la jeune Haïti postcoloniale. Néanmoins, les partisans du royaume du Nord l’ont pris pour un héroïsme rarissime et une vaillance exceptionnelle. Car, un roi ne peut se permettre de vivre sous les impulsions de l’abandon et de l’humiliation.

Roi Henry s’est rendu à l’église Sainte–Anne de Limonade pour assister à un Te Deum, le 15 août 1820. Là, il est tombé d’une congestion cérébrale (apoplexie) au milieu du rituel. Le roi a survécu, mais il est resté paralysé et cloué, depuis lors, dans son lit à Sans-Souci. Cette paralysie a été interprétée sinistrement par certains proches et alliés politiques. La Garde Royale a d’abord trahi; certains soldats se sont enfuis à l’Ouest rejoignant le président félon, le mulâtre Jean-Pierre Boyer, celui qui avait accepté de dédommager la France pour l’indépendance acquise, pourtant, au prix du sang. C’était un premier constat attendrissant.

Aussi, les défections internes étaient très répandues dans tout le royaume, de Mont-Rouis à Ouanaminthe (Ouest-Nord’Est), en passant par l’Artibonite et du Môle-Saint-Nicolas à Belladère (Nord’ouest-Centre), pour atteindre le Petit-Nord. L’administration de la monarchie tombait entre les mains des pilleurs. Le roi avait perdu tout son contrôle. L’ordre royal devint une simple plaisanterie. Par exemple, les règlements agraires qui étaient les racines du progrès du royaume tombaient en désuétude. Les agriculteurs d’État récoltaient sans acquitter leurs dus. Ce fut un véritable brigandage.

Dans cette conjoncture humiliante, le roi ne voyait plus sa raison d’être. On se moque de lui au quotidien; ses lieutenants n’étaient plus à l’ordre. Or, le régime de l’Ouest de Jean-Pierre Boyer claironnait la politique de « Papa Bon Cœur » initiée par Pétion qui consistait à distribuer les biens de l’État aux militaires au détriment du peuple.

L’automne 1820 n’était pas ensoleillé pour le roi. Sous un climat politique tendu et inamical, il dormait difficilement sur son lit de mort. La présence de la reine à son chevet et la maigre loyauté qui lui était restée ne curaient point sa privation. Alors qu’il fut un homme vaillant qui avait connu la gloire durant toute sa vie martiale : en 1802, il avait étonné les hommes de l’expédition de Leclerc au Cap-Haïtien et en 1803, il avait surpris le monde esclavagiste, durant la dernière guerre de l’indépendance de Vertières. Henry Christophe demeure un génie dans la mémoire collective. N’avait-t-il pas fait la guerre aux Etats-Unis? Homme droit et intrépide, il semble que sa droiture lui laisse de méprisables haines. Il est le plus grand bâtisseur de nos chefs d’État.

Pour pallier l’amertume et le chagrin, il s’est suicidé d’une balle en argent de son pistolet, le 8 octobre 1820. On lui doit l’édification de La Citadelle Laferrière, le Palais Sans-Souci et le Palais des 365 portes; l’éducation et l’instruction publique des gens du Nord lui doivent également leurs racines. Que son âme continue de se reposer !

Gît Henry 1er à La Citadelle, à l’âge de 53 ans: 6 Octobre 1767 (La Grenade) -8 octobre 1820 (Milot, Haïti)


Jean-Rony Monestime André
Adjunct Prof. Seton Hall University, NJ
BA en Conn. Générales, BS en Médecine Nucléaire,
MHA-Maitrise en Gestion de Santé, PHD-Doctorant en Science de la Santé
Email : jean-rony.andre@shu.edu


Références :

1. Dorsainvil, J.C. « Manuel d’Histoire d’Haïti », Port-Au-Prince, 1942. 2. Hamsphere, C. Henry Christophe: King of Haiti. 1955
3. Rulx, L.« Propos D’Histoire D’Haïti ». Tomes II, 1974

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