Flashback – Juillet 1938. Conférence d’Evian, France, à l’initiative du président américain Franklin Roosevelt, Haiti était prêt à accueillir 50 000 réfugiés juifs

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Une « dette d’honneur » impensée. Les réfugiés juifs et la République d’Haïti. « Juifs et Haïtiens : une histoire oubliée ».

Mars 1938. L’Allemagne annexe l’Autriche. C’est l’Anschluss. S’en suit une vague de réfugiés, juifs autrichiens notamment. Mais où fuir alors que les Etats-Unis ne délivrent que très peu de visas. Une conférence est organisée à Evian, en juillet 1938, à l’initiative du président Roosevelt pour trouver des solutions.

L’hôtel Royal (en 2003) où eut lieu une partie de la conférence en juillet 1938.

1938, conférence d’Evian : quand les réfugiés juifs furent abandonnés. Haïti fut représentée à la conférence par Léon Robert Thébaud, attaché commercial de l’ambassade d’Haïti à Paris avec le rang de ministre.

Lundi 20 septembre 2021 ((rezonodwes.com))–Haiti n’est pas devenu d’un seul coup ce qui lui est advenu aujourd’hui. Misérable et la risée du monde. Le pire, depuis le 7 juillet 2021, il a été convenu que ce coin de terre – autrefois dirigé par des HOMMES – n’est plus une République et Dr. Ariel Henry s’en fout pas mal, aussi longtemps que des anciens détracteurs de Jovenel Moise convertis, l’entourent pour nous faire goûter au miel mélangé au fiel, le destructeur des faux nationalismes, qui conduisent toujours, inexorablement, le pays à sa perte. Les idéaux de 1804, s’ils étaient jalousement gardés, nous serions encore engouffrés dans cette brèche nous ayant permis de traverser le 19ème siècle avec Anténor Firmin, à la Chancellerie, la tête haute fixée vers le ciel.

«En 1938, le quart de la population juive, soit environ 150.000 personnes, avait déjà quitté» l’Allemagne ou l’Autriche, selon l’Encyclopédie de la Shoah. Le monde prend conscience de la question des réfugiés. Alors que les Etats-Unis, en pleine crise économique, appliquent une politique de quotas extrêmement sévère, le président Roosevelt propose qu’une conférence sur la question des réfugiés se tienne pour «faciliter l’émigration des réfugiés politiques en provenance d’Autriche et probablement d’Allemagne». Comme aujourd’hui, dans des circonstances bien entendu différentes, il s’agit de se répartir les réfugiés afghans.  

En juillet 1938, c’est la ville d’Evian, en France, qui accueille pendant 9 jours cette conférence afin de statuer sur le sort de ces dizaines de milliers de réfugiés allemands et autrichiens, principalement juifs. Au total, 32 délégations, 9 européennes, 20 latino-américaines incluant Haiti et 3 du Commonwealth sont présentes. Elles sont venues souvent à reculons. L’Allemagne n’est bien sûr pas invitée, ni le Portugal de Salazar. L’Italie refuse de venir en solidarité avec Berlin. L’URSS ne vient pas. Suite à cette conférence, la République d’Haïti, invoquant les idéaux de la révolution de 1804, accepta d’étudier la possibilité d’accueillir 50 000 juifs. Cet article propose d’étudier la nature du « don » relié à la notion de « dette » qui unit juifs et Haïtiens et également de comprendre les motivations historiques qui poussèrent le gouvernement haïtien à faire montre d’hospitalité envers un peuple jugé « indésirable » par un fou furieux, appelé Hitler.

En mars 2010, une exposition intitulée « Juifs et Haïtiens : une histoire oubliée », organisée à Montréal, présenta la relation entre les deux communautés comme née d’une « dette d’honneur » contractée pendant la Seconde Guerre mondiale : l’asile offert par le gouvernement haïtien aux juifs européens forcés à l’exil. La dette à laquelle se réfère l’exposition est l’asile offert par le gouvernement haïtien aux juifs européens forcés à l’exil à une époque où la plupart des pays européens refusaient de changer leurs politiques d’immigration

Tous les pays présents expliquent qu’ils ne peuvent pas recevoir plus de monde. La Suisse estime avoir déjà accueilli de nombreux réfugiés et vient de rétablir les visas. Le Royaume-Uni refuse de délivrer des autorisations vers la Palestine où les tensions entre migrants juifs et Arabes deviennent violentes. 

Même la France, puissance invitante, se montre prudente. «J’ai le privilège de recevoir sur la terre de France, terre d’asile et de libre discussion, le comité intergouvernemental pour les réfugiés qui a répondu à un appel émouvant. La France reste ainsi fidèle à ses traditions les plus anciennes d’hospitalité universelle», disait à l’époque le délégué français Henri Bérenger qui ajoutait «contribuer dans la limite de ses moyens» à l’arrivée massive de réfugiés, bien que la situation soit arrivée «au point extrême de saturation», rappelle le site en ligne Bastamag. Il est vrai qu’en 1938, la France «abrite, à titre légal ou clandestin, 20.000 à 30.000 réfugiés du Reich secourus très souvent par des œuvres d’assistance submergées, généralement juives elles aussi.»

D’autres ont des propos plus violents. «N’ayant aucun réel problème racial en Australie nous ne sommes pas désireux d’en importer en encourageant une large immigration étrangère», affirme Canberra. Quant au délégué canadien, interrogé sur le nombre de réfugiés que son gouvernement envisage d’accueillir, il répond : «Un seul serait déjà trop», rappelle Bastamag. Mais Haiti, oui Haiti de 1938 se disait prêt à accueillir 50 000 réfugiés.

La conférence ne débouchera sur rien de concret, même si les conclusions du sommet pourraient quasiment avoir été écrites aujourd’hui. Selon le site Hérodote, «la presse allemande, triomphante, titre au lendemain de la conférence : Personne n’en veut! Hitler, dans les jours qui suivent, ne se prive pas de dauber sur cet échec : « C’était honteux de voir les démocraties dégouliner de pitié pour le Peuple juif et rester de marbre quand il s’agit vraiment d’aider les Juifs!« »

Quelques mois plus tard, les pogroms meurtriers de la Nuit de Cristal, en novembre 38, ne changeront rien non plus. Les Américains ne modifieront pas non plus leur politique de quotas

Cette conférence sera cependant un premier pas vers la création d’un statut du réfugié. Elle devait annoncer, après guerre, la création du HCR

Le gouvernement haïtien du président Sténio Vincent se contenta, quant à lui, de promettre l’étude des meilleures dispositions en vue d’accueillir des réfugiés. Haïti fut représentée à la conférence par Léon Robert Thébaud, attaché commercial de l’ambassade d’Haïti à Paris avec le rang de ministre. La position du gouvernement n’étant pas tranchée, ainsi se prononça-t-il :

Le gouvernement haïtien, très absorbé par l’attention que réclame le développement actuel de la crise financière, qui depuis quelques mois sévit dans le pays, n’a pas eu le temps d’étudier la possibilité d’offrir de nouvelles facilités aux catégories de réfugiés politiques qui peuvent l’intéresser. D’autre part, étant donné l’importance de ce Comité intergouvernemental, dû à l’initiative des États-Unis d’Amérique, […] le Gouvernement haïtien a cru préférable, en ce qui le concerne, de prendre connaissances des diverses modalités et décisions qu’adopteront les gouvernements ici représentés, afin d’étudier les meilleures facilités qui lui sera possible d’accorder en vue de l’accueil des réfugiés politiques d’Allemagne et d’Autriche .

C’est ainsi que le président Vincent acceptera d’entendre la proposition d’installation de 50 000 juifs sur son territoire dont le coût serait principalement assumé par l’organisation juive French Rothschild-Swiss Seligman. Ferdinand Mayer, ministre américain en Haïti était chargé de l’entremise entre le président Vincent et le représentant de l’organisation juive, Mr. Goldsmith :

Mr. Goldsmith has in mind a self-contained settlement area where these refugees [fifty thousand Germans of Jewish faith] could develop their own agriculture and industry under a form of corporate establishment with shares to be partly distributed to the Haitian government in return for land, the whole project to be financed by the Goldsmith-Seligman interests mentioned above to a maximum of five million dollars […]. The Mole Saint Nicolas and the Island of Gonâve were the two localities chosen for such a large-scale project to be successful.

Le gouvernement américain, craignant la présence massive de juifs allemands dans des zones militaires stratégiques des Caraïbes, écarta finalement cette proposition du gouvernement haïtien. « Une conférence pour rien à un an de la guerre« , a conclu Pierre Magnan de France Télévisions, Rédaction Afrique.

En mai 1943, les autorités allemandes nazies déclarèrent que le Reich était « Judenrein » (« libre de Juifs » ?).

recherches : cba
sources : Conférence d’Evian (1938)
FranceTVInfo Monde

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