Les hommes de main de Jovenel Moise|Crimes contre l’humanité : Rendez-vous à la Haute Cour de Justice Internationale ?

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Le dernier communiqué de US Tresor à l’encontre de 3 hommes de main de l’apprenti-dictateur Jovenel Moise devait davantage inquiéter celui-ci que son apologie à la violence de vendredi, à 51 jours de la fin de son mandat constitutionnel. Il n’arrête pas de faire des « soulouqueries » et des loufoqueries.

Sous François Duvalier, les tontons-macoute, qui accumulaient crimes sur crimes, durant le régime kann kale, étaient déliés de toute responsabilité de la part de Papa Doc. Ce dernier disait d’eux qu’ils étaient des « mineurs », arguant qu’ils maltraitaient, emprisonnaient et exécutaient les ennemis de son gouvernement à cause de lui. La situation n’est pas différente de celle de Jovenel Moïse, dont les lieutenants, aujourd’hui, commettent des crimes par procuration.

New York, vendredi 18 décembre 2020 ((rezonodwes.com))–Ici, au journal Haïti-Observateur, depuis qu’ ont été perpétrés les massacres d’État, surtout à La Saline, à Cité Soleil, à Carrefour Feuilles, au Bel-Air et ailleurs, à la capitale haïtienne et dans d’ autres villes de province, on n’a cessé de claironner la poursuite des criminels au pouvoir, en Haïti, auprès de la Haute Cour de Justice internationale. Cette menace a été également lancée, timidement, certes, par les Nations Unies, suite à l’enquête menée sur des tueries ayant fauché la vie de plus de 70 personnes. Après la dernière décision de l’Office du contrôle des avoirs étrangers du Département du Trésor américain (OFAC), cette perspective se précise.

À La Saline, un des grands bidon-villes de Port-au-Prince, les crimes dont font mention les autorités américaines remontent au mois de novembre 2018. Plus de deux ans se sont écoulés, soit deux anniversaires passés de la Journée universelle de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Mais c’est à la date de la commémoration de cet événement, le 10 décembre 2020, que le Département d’État américain, par le truchement de l’OFAC, a laissé tomber le verdict, tel un couperet, sur trois hommes proches du Palais national, parmi eux deux officiels du gouvernement : Fednel Monchéry, alors directeur général du ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales; Joseph Pierre Richard Duplan, à l’époque délégué départemental de l’Ouest; et Jimmy Chérizier, dit Barbecue, ex-policier expulsé de l’institution policière pour comportement indigne d’un policier, sont frappés du blocage de leurs avoirs (biens immobiliers et comptes en banque), s’ils en ont dans ce pays. La mesure prise à leur encontre pré-voit aussi l’interdiction de fouler le sol américain.

Ce communiqué de l’OFAC, qui vise des violateurs au même titre en Russie, au Yemen, en Eurasie, aussi bien que dans l’hémisphère occidental et du Moyen-Orient, s’appuie sur la Loi globale Magnistsky relative à la responsabilité en matière de droits de l’homme et vise les auteurs de « graves violations de droits de l’homme et de corruption », dans le cas haïtien, spécifiquement Monchéry, Duplan et Chérizier, des hommes proches du régime Moïse-Jouthe.

Tout en se félicitant de la solidarité de leurs partenaires diplomatiques, notamment le Royaume Uni et l’Union européenne (UE) ayant adopté de « nouvelles autorités de sanctions, créant un cadre mondial puissant pour cibler les violations des droits de l’homme », les États-Unis attirent l’attention sur les « (…) abus graves des droits humains en Haïti ». Aussi soulignent-t-ils, dans le même document, ces « abus graves », non seulement de la part de ces « trois mousquetaires » du Palais national, spécialistes de crimes d’État, mais aussi, et surtout, ceux-là qui se sont rendus responsables, les preneurs de décisions dans le pays.

Pour les besoins de l’argumentaire, qui sera éventuellement présenté à la Haute Cour de Justice internationale, concernant MM. Monchéry, Duplan, Chérizier et consorts, il faut rappeler leurs forfaits.

En effet, Jimmy Chérizier a planifié, participé et mené les attaques perpétrées à La Saline et ailleurs, à la capitale haïtienne, y compris, tout récemment encore, celles qui ont été dirigées sur les résidents de Delmas 2 et 3, ainsi qu’à Bel-Air, qui se sont soldées encore par des civils tués, des blessés et plusieurs maisons incendiées. Une de ces descentes des gangs de Barbecue a duré cinq jours.

Quant à Fednel Monchéry, il a joué le rôle de fournisseur d’armes et de munitions aux gangs armés, ainsi que de véhicules blindés servant d’appui à ces attaques. Monchéry est connu pour être l’architecte intellectuel des attaques livrées sur La Saline et d’autres quartiers défavorisés de Port-au-Prince.

De son côté, Joseph Pierre Richard Duplan s’est spécialisé dans la distribution d’armes et d’uniformes de la Police aux bandits engagés par le pouvoir dans l’exécution de ces crimes.

De toute évidence, le document de l’OFAC dénonçant ces trois hommes, exécutants des basses œuvres du Palais national, met en évidence la volonté d’œuvrer pour que soient engagées des poursuites futures contre les auteurs de ces massacres, placés sous la rubrique « crimes contre l’humanité ».

Car la manière dont sont décrites les accusations portées contre le trio Chérizier, Monchéry et Duplan ne laisse aucun doute que les commanditaires des massacres des bidonvilles de Port-au-Prince et d’Haïti ne pourront pas courir indéfiniment. En ce sens, il y a fort à parier qu’ils ne seront pas aussi chanceux que les assassins qui ont semé le deuil, sous Jean-Bertrand Aristide, ainsi que ceux qui ont perpétré de telles infractions au cours de ces dernières années.

Sous François Duvalier, les tontons-macoute, qui accumulaient crimes sur crimes, durant le régime kann kale, étaient déliés de toute responsabilité de la part de Papa Doc. Ce dernier disait d’eux qu’ils étaient des « mineurs », arguant qu’ils maltraitaient, emprisonnaient et exécutaient les ennemis de son gouvernement à cause de lui. La situation n’est pas différente de celle de Jovenel Moïse, dont les lieutenants, aujourd’hui, font des crimes par procuration.

Crime par procuration

Si ceux qui commettent des crimes pour Jovenel Moïse et la première dame ont des responsabilités dans les forfaits qu’ils exécutent, les vrais coupables restent les exécutants.

En clair, les hommes de main du Palais national, qui assassinent et kidnappent, ne jouiraient de l’impunité s’ ils commettaient ces crimes pour eux-mêmes. Ils se retrouveraient en prison purgeant leur peine pour les crimes commis, sinon ils s’abstiendraient d’y participer. Surtout que des sources dignes de foi font savoir que des séances de planification des crimes d’État, perpétrés sous le régime PHT Kiste, sont tenues avec la première famille, afin d’en arrêter les derniers mots d’ordre. Tel a été aussi le cas pour l’assassinat de Me Monferrier Dorval, le bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince, assassiné en sa résidence située à Pèlerin 5, le 28 août, non loin de celle, privée, du chef de l’État.

Selon toute vraisemblance, les mises en place sont déjà là, rendant incontournable un rendez-vous des criminels présentement au pouvoir, en Haïti, avec la Haute Cour internationale de Justice. La justice est déjà restée trop longtemps en souffrance.

Edito de Haïti-Observateur
VOL. L, No. 49 New York : Tel : (718) 812-2820; • Montréal (514) 321-6434; • Port-au-Prince: (011 509) 223-0785 • Paris (33-1)43-63-28-10 16- 23 décembre 2020

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