Injustices criantes: L’Afrique fournit l’input et récolte des miettes ; l’Occident produit l’output et empoche des milliards !

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Comme au bon vieux temps : « Tout par et pour la technopole ! ». Comme au temps de l’esclavage et du pillage sauvage, comme à la jungle : « Périssent les faibles et les ratés ».

Les multinationales de l’arène technologique règlent leurs transactions de ventes de produits et de services de pointe à des montants de plus de 9 digits. D’un autre côté, l’acquisition de leurs intrants, en provenance de l’Afrique, n’ont sur leur comptabilité que l’effet d’une goutte d’eau dans un océan.

Possible qu’un pays détienne des ressources naturelles massives estimées à des dizaines et des centaines de milliards de dollars. En dépit de cette dotation providentielle, tant qu’il ne soit en mesure d’en faire une exploitation à bon escient, le pays appauvri ne va cesser de maudire tous les dieux et renâcler comme un démuni cloué dans la disette pendant qu’il foule au pied ses précieuses fortunes.

La plupart des pays de l’Afrique sont piégés dans ce triste décor de blocage séculaire et d’autoflagellation puisque confinés dans une misère aiguë tandis que des mines d’or, de diamant, d’iridium, de pétrole, d’étain, de tungstène et de cobalt scintillent dans l’ombre, au sous-sol de ces territoires administrés dans la médiocrité et la cupidité. En outre, leurs terrains agricoles fertiles à des productions qualitatives en forte demande sur la planète font d’eux des terrains d’exploration et d’exploitation abusive par les Etats de l’Occident.

Les principales victimes de la filière cacao-chocolat : la Côte d’Ivoire et le Ghana

La Côte d’Ivoire et le Ghana, respectivement 170e et 140e sur 189 pays selon le rapport de l’IDH 2018 du PNUD, produisent plus de 60% de la fève de cacao mondial, matière première du chocolat. Cette filière rapporte environ 100 milliards de dollars annuellement. Pourtant, seulement 6% des revenus générés dans l’industrie chocolatière retournent aux producteurs du cacao en Afrique et en Amérique Latine qui mobilisent dans les champs toutes leurs ressources, des femmes et des enfants, pour enrichir les économies occidentales.

Selon Statisca, les Etats-Unis, l’Allemagne, la Suisse et la Belgique sont respectivement les quatre principaux possédants de l’industrie chocolatière de la planète. 35% de la production mondiale de chocolat proviennent de l’Europe occidentale et 28% de la Première Puissance mondiale qui en produit à elle seule plus de 20 milliards de dollars l’année. La France, l’Italie, la Suède, le Royaume Uni et l’Espagne sont également des géants du marché du chocolat.

En 2016, l’Allemagne avait exporté pour 4.5 milliards de dollars de chocolat dans le monde et la Belgique pour 2.9 milliards de dollars. Le chocolat représente, après le café, le produit de grande consommation le plus sollicité par les Français. En 2017, le chocolat avait généré en France 3,28 milliards d’euros de chiffre d’affaires dont 57% réservé à l’exportation. Le Canada, le Japon, le Mexique, les Pays-Bas ainsi que les pays scandinaves embellissent aussi leurs PIB à travers de grande production de chocolat.

De nombreuses compagnies de l’Amérique du Nord et de l’Europe sont de grandes pourvoyeuses d’emplois dans ce secteur alimentaire de produits de « fines bouches ». La compagnie Américaine Mars, premier chocolatier au monde, embauchent 32 000 employés et génère un chiffre d’affaires (CA) de 18 milliards de dollars. Suivent dans cet ordre, le Ferrero Group de l’Italie, avec un CA de 12.39 milliards ; le Mondelez International de l’Illinois au CA de 15,48 milliards ; le Meiji Co Ltd du Japon, au CA de 9.66 milliards ; le Hershey Co des Etats-Unis, générant 7.779 milliards de dollars et le Nestlé SA de la Suisse, 6.135 milliards de dollars.

Les principaux « congos : de l’industrie de la technologie : la RDC

Le constat est similaire dans l’industrie de la téléphonie qui domine l’ère technologique avec des géants en Asie, en Europe et en Amérique qui créent d’énormes valeurs ajoutées et établissent leurs suprématies économiques dans ledit secteur. Plus de la moitié de la demande du Cobalt mondial, ingrédient essentiel pour l’alimentation des batteries des voitures électriques, des ordinateurs portables et des smartphones, est extraite en République Démocratique du Congo, l’une des nations les plus pauvres au monde.

L’extraction à outrance et sans-protection de ce minerai est génératrice de déformations physiques, de sérieuses complications pulmonaires et d’accidents mortels. Ainsi, les grandes compagnies de la technopole mondiale ont été l’objet d’un récent scandale d’injustices et de travail forcé perpétrées sur des mineurs.

Ingratitudes, déraisons, injustices, l’équation est totalement déséquilibrée, avec du côté droit de l’égalité la part du lion empochée par l’Amérique, l’Europe et l’Asie ; et du côté gauche, il ne reste qu’une miette négligeable jetée dédaigneusement à l’Afrique. Des ingrédients x ou y en nature ou en espèce méritent d’être transposés du côté gauche afin de rétablir un équilibre bien mérité.

Il ne fait aucun sens que des humains, dotés d’une certaine intelligence émotionnelle pour nourrir l’intelligence artificielle du siècle présent, fassent compter leurs milliards de dollars par des robots. Pourtant, ils ne sont jamais animés du sentiment de reconnaissance pour retourner quelques millions dûment mérités à ceux-là qui les enrichissent. C’est tout simplement de l’hypocrisie quand plus tard ces prédateurs se perdent dans des missions « philanthropiques », comme pour racheter leur âme devant Dieu.

Comment rétablir l’équilibre ? Le capital humain est la réponse

Le capital humain est pour l’assise et l’émergence des économies modernes ce que l’oxygène est au poumon.

Justement, quand les nations sont dépourvues de cadres formés aptes à mener des recherches dans des secteurs porteurs pour découvrir les ressources, les évaluer et proposer des méthodes de négociation de leurs exploitations dans des jeux gagnant-gagnant, elles seront toujours les dindons des farces occidentales. En absence de leaders politiques avisés et d’un capital humain suffisant, les jeux sont viciés par des stratégies dominantes des interlocuteurs détenteurs d’informations précises qu’ils ne dévoileraient pas.

L’asymétrie de l’information qui en résulte en raison du manque de savoir des acteurs internes à déceler la valeur des ressources, engendre des ententes maladroites et fausse le côté loyal des négociations. De leurs lieux géographiques stratégiques, côtoyant Stanford, Berkeley et la Nasa, les patrons des multinationales sont détenteurs de bases de données cartographiques géo-référencées et de capacités techniques pour identifier et exploiter les ressources. Ils siègent dès lors dans des positions dominatrices par rapport aux petits dirigeants qui ne disposent d’aucune information clé, ni ne dégage aucune vision durable pour leurs populations.

En plus de la corruption qui les gangrène, ces pays pauvres qui se voient gérés par des présidents, ministres et législateurs incompétents, ne sont pas en mesure d’établir les règles du jeu profitable, pour concrétiser des projets de sociétés. La faiblesse du capital humain empêche ainsi de résorber le problème du cercle vicieux des inégalités entre les économies archaïques et celles qualifiées de modernes.

De ce raisonnement, la bonne foi ne suffirait non plus pour recadrer les règles et les principes des bonnes négociations. Il faudrait aussi et surtout des acteurs doués de logique, munis de compétences, de leadership et de formations adéquates dans les différents secteurs afin de permettre à toutes les parties de tirer leurs épingles du jeu. Nous ne cesserons de nous référer au cas du Rwanda et de l’Afrique du Sud qui ont notamment misé sur du capital humain compétitif qui leur a permis de cueillir des lauriers à travers des contrats revisités et paraphés dans la transparence et au profit de l’intérêt supérieur de leurs nations.

Baptisé épicentre de l’Afrique numérique, le Rwanda déclare la concurrence dans le secteur textile ainsi que la technologie. Le pays campé par le grand visionnaire Paul Kagame investit dans la formation de dizaines de milliers d’ingénieurs et d’architectes pour se positionner stratégiquement sur l’échiquier de la compétitivité mondiale. La ville la plus propre du continent africain, le Kigali, a déjà accueilli la construction de son propre smartphone, 100% local, le MaraPhone.

Pour sortir du gouffre de la pauvreté et réduire les inégalités économiques et sociales, les pays à retards fulgurants sont conviés à imiter les pratiques adoptées par les économies de l’Asie et les BRICS qui ont résolu de tabler sur un capital humain compétitif pour emprunter les voies de l’émergence et de la modernité.

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

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