16 juin 2024
Des haïtiano-américains demandent au gouvernement des États-Unis de se désolidariser du régime tèt kale
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Des haïtiano-américains demandent au gouvernement des États-Unis de se désolidariser du régime tèt kale

Dimanche 23 juin 2019 ((rezonodwes.com))– Dans une lettre ouverte adressée au secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, des citoyens américains d’origine haïtienne, regroupés au sein de la Alliance Haïtiano-Américaine pour le Développement Économique (AHEAD) souhaitent que le gouvernement américain tienne compte de la dégradation de la situation générale du pays et des conditions de vie de plus en plus précaires des haïtiens, au lieu de soutenir un pouvoir qui s’est révélé incapable et incompétent pour satisfaire aux besoins du peuple haïtien.

Ils déclarent ne pas comprendre pourquoi l’administration américaine qui fait la promotion de la démocratie continue de soutenir un gouvernement qui viole les droits de son propre peuple. 

Ils citent notamment l’inaction du gouvernement pour améliorer les conditions socio-économiques des haïtiens et les massacres commis dans des quartiers populeux tels que la Saline, « Nan Tokyo », Cité Soleil, Carre-Feuilles etc. 

Ils mettent l’accent aussi sur des exactions commises par des bandes armées qui seraient à la solde de certaines autorités du pouvoir. 

Cette situation affecte considérablement le climat des affaires et entrave les investissements dont le pays a immensément besoin pour se développer, déplorent-ils. 

Si le pays ne bénéficie pas de gros investissements favorisant la création d’emplois générateurs de richesses, les haïtiens, les jeunes notamment vont fuir le pays massivement pour atteindre les rives américaines où d’autres pays de la région, ont-ils averti tout en déplorant également le soutien de leurs pays d’adoption à un régime corrompu dont le président est indexé par la Cour Supérieure des Comptes dans le scandale de corruption liée à la dilapidation des fonds Petrocaribe.

Francklyn B. Geffrard

Traduction Google De: AHAED
A: Mike Pompeo      Secrétaire d’Etat Américain       En ses bureaux.-

       Monsieur le Secrétaire d’Etat,
       Nous, citoyens haitiano-americains, réunis au sein de l’Alliance Haitiano-Américaine pour le Développement Économique (AHEAD) prenons la liberté de vous écrire cette lettre pour  vous exprimer notre profonde déception et notre frustration par rapport à la politique américaine en Haïti. 
       En Mai 2011, avec le soutien des États-Unis, pays hautement moral, un chanteur grivois du nom de Michel Martelly est arrivé au pouvoir en Haïti et met en place un régime dénommé « tèt kale » (crâne rasé) qui se décrit comme le pouvoir des bandits « légaux ». Et depuis, l’Etat d’Haïti est banditisé et le banditisme devient légal. 
      En plus d’avoir participé à la dilapidation des fonds publics, notamment le programme Petrocaribe (4.2 milliards de dollars américains), le régime têt kale a imposé aux haïtiens expatriés deux taxes illégales: $1.50 sur tous les transferts d’argent en direction et en provenance d’Haïti et 5 centimes sur chaque appel téléphonique international. Jusqu’à date, personne ne sait comment ces fonds qui totalise plusieurs centaines de millions de dollars américains ont été utilisés. Rien qu’en 2018 les haïtiens expatriés ont envoyé en Haïti la somme de 3.8 milliards de dollars sous forme de transferts d’argent, de nourriture et autres biens.
     Aux États-Unis, nous payons des taxes. En retour, nos taxes nous reviennent sous forme de service. En Haïti, l’argent des contribuables et l’aide internationale ne servent qu’à enrichir les dirigeants. Et c’est pourquoi, avec des dirigeants incompétents et corrompus le pays ne pourra jamais se développer, dépendra toujours de l’aide internationale et sera un fardeau pour les pays amis, en particulier les États-Unis. 
       En Février 2017, toujours avec la faveur des États-Unis, après une courte transition, le régime tèt kale, deuxième version, revient au pouvoir en la personne de « l’ingénieur » Jovenel Moïse qui assure la continuité de la politique de son mentor Michel Martelly, caractérisée par la corruption, la démolition des institutions républicaines, la violation des droits humains, de la Constitution et des lois de la république. 
     Monsieur le Secrétaire d’Etat, sous l’administration de Jovenel Moïse, la situation socio-économique et politique du pays s’est dégradée considérablement au point que les jeunes, véritables avenir d’Haïti et les cadres formés s’expatrient par centaines de millier. Ils se réfugient massivement en République Dominicaine, aux Bahamas, au Canada, au Brésil, au Chili, aux États-Unis etc. La persistance de la grave crise socio-économique qui affecte dangereusement le pays à cause de la mauvaise gouvernance, l’incompétence du régime en place, va encore pousser d’autres compatriotes vers les rives américaines à la recherche d´un mieux être économique.
     De nombreux massacres ont été perpétrés ces derniers temps dans plusieurs quartiers de la région métropolitaine, notamment à la Saline, à Carrefour-Feuilles, à Cite Soleil, au bas de Delmas etc. Selon les rapports des organismes des droits humains dont le RNDDH et la Fondation Je Klere, il s’agit de massacres d’Etat commis par des bandits armés à la solde du pouvoir et avec la participation des agents de l’Etat et de la force publique. Le gouvernement haïtien reste reste toujours muet sur ces crimes impunis. La Mission des Nations-Unies qui appuie le système judiciaire en Haïti vient de rendre un rapport accablant qui établit clairement la responsabilité du régime en place dans ces différents carnages.
     La situation sécuritaire du pays est tellement préoccupante que, votre administration a décidé de nous déconseiller de voyager en Haïti que vous avez classé parmi les pays les plus dangereux. Cette décision a des répercussions très graves sur le secteur touristique du pays qui ne reçoit pas d’investissements nécessaires à la relance de son économie.
     Monsieur le Secrétaire d’Etat, nous n’avons nullement l’intention de vous dicter ce que vous devez faire, cependant, nous voulons vous exprimer clairement notre surprise et notre étonnement de voir que l’administration américaine que vous représentez continue de supporter ce régime qui symbolise l’insécurité et la précarité sociale. 
     De plus en plus impopulaire et éclaboussé par des scandales de corruption, le président Jovenel Moïse est confronté à une opposition constituée de différents secteurs importants du pays qui réclament sa démission pour incapacité et son implication dans des actes d’escroquerie d’Etat. En effet, le dernier rapport de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA), la plus haute instance administrative du pays, a indexé Jovenel Moïse comme l’un des dilapidateurs du fond Petrocaribe. Le soutien de l’administration américaine à un tel régime honni et corrompu est contraire à la fois aux valeurs américaines et à la dignité des haïtiens qui ne veulent plus être la risée du monde à cause de leurs dirigeants. 
     Si ces gens étaient aux États-Unis, ils seraient tous derrière les barreaux pour les différents crimes qu’ils ont commis. La justice ne serait ni clémente ni indulgente envers eux. Ils encourraient de lourdes peines d’emprisonnement. En Haïti, ils sont, malheureusement, ceux qui détiennent les rênes du pouvoir jouissant de l’impunité totale.  Ceci est contraire à la l’Etat de droit et démocratique que nous américains prônons.
     Enfin, monsieur le Secrétaire d’Etat, nous voulons attirer votre attention sur la nécessité de retirer votre soutien à ce régime hors-la-loi et incapable de satisfaire au moindre besoin de la population et à vous solidariser de préférence avec le peuple haïtien. Les gouvernements passent, mais les peuples demeurent.        Nous estimons judicieux que vous vous désolidarisiez du régime en place avant qu’il ne soit trop tard. Ce gouvernement qui s’est enrichi au détriment de son propre peuple a déjà franchi toutes les limites de l’inacceptable et n’a aucune chance de survivre à une révolte populaire qui peut s’éclater à n’importe quel moment. Tout est en place et toutes les conditions sont réunies pour que cela arrive. Et si la révolte populaire éclate en Haïti, ce régime ne pourra certainement pas garantir les intérêts américains en Haïti ni protéger la vie et les biens de nos compatriotes; d’autant qu’il fait partie du problème et non de la solution.
     Agréez, monsieur le Secrétaire d’Etat Mike Pompeo, l’expression de nos sentiments patriotiques!

Jacques Bingue, PhDPrésident 
CC: Son Excellence, Donald J Trump, président des Etats-UnisAux membres de la Commission des Affaires Étrangères du Sénat Aux membre du Comité des affaires Étrangères de la Chambre des représentants

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