Gonaïves : Carnaval National’19; des entrepreneurs gonaïviens redoutent l’expérience de 2014

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Cinq ans plus tard, le drame financier vécu en 2014 lors de l’organisation du Carnaval national, tourmente encore l’esprit de certains opérateurs hôteliers, restaurateurs, commerçants et agents culturels aux Gonaïves. En 2019, des idées émergeant d’un processus de pensée, veulent remédier à cette situation

par Hervé Noël

GONAIVES /CARNAVAL/ INVESTISSEMENT

Gonaives, mercredi 9 janvier 2019 ((rezonodwes.com))–En annonçant officiellement l’organisation du Carnaval national aux Gonaïves, le Chef de l’État, entendait accomplir une promesse tenue en 2018. Le 1er Janvier dernier, la foule présente sur la Place d’Armes a, sans trop grand enthousiasme, accueilli la nouvelle. Et très peu d’ovations ont suivi l’annonce de Jovenel Moise, a-t-on constaté.

D’une manière voilée, cette réaction du public traduit une certaine réserve formulée en ce qui concerne la stratégie dissimulée à travers l’idée de délocaliser le carnaval national. La perception d’une fête populaire organisée dans les provinces sans la province, tient la route tenant compte des renseignements tirés et des témoignages collectés sur la démarche.

Carnaval National 2014, aucun boom économique aux Gonaives

En 2014, aux Gonaïves, le Carnaval national autant qu’il a provoqué euphorie et curiosité a été un désastre financier pour des entrepreneurs. « Des investissements consentis pour multiplier les chambres d’hôtels, valoriser le potentiel culturel gonaivien, rendre disponible les spécialités gastronomiques de l’Artibonite ont très peu rapporté, révèle l’Ingénieur-Entrepreneur Raynald Orival.

‘’Des chambres d’hôtels, des restaurants ont été observés déserts. Les visiteurs ont évité ces espaces brandissant la thèse de prix excessifs et de services non compétitifs« , poursuit Raynald Orival, témoin des réjouissances en 2014.

Parallèlement, des firmes de la capitale ont pu allègrement tirer d’affaire en ce qui a trait à la construction des stands, la décoration des chars allégoriques. Très peu d’entreprises locales ont eu la cote pour la fourniture de matériaux, poursuit le responsable de média qui fut le premier à introduire des émissions sur la bande FM aux Gonaives en 1990.

En 2014, le secteur culturel local traité en parent pauvre

Le secteur culturel également n’était pas à l’abri des manœuvres visant à décourager l’expertise domestique. ‘’Des ateliers artisanaux, des industries de pièces détachées ont été mis à l’écart allongeant les déboires des opérateurs et confirmant l’approche d’un carnaval importé, a indiqué Reginald Jean Baptiste, propriétaire d’hôtel.

L’héritage du Carnaval national en 2014 aux Gonaïves traîne lourd sur le fonctionnement de certains secteurs. Des compagnies de services continuent de payer le prix fort des engagements contractés envers des banques et d’autres surplombées par des dettes ont été contraints de fermer leurs portes. Certaines ayant cassé leur tirelire pour offrir d’autres prestations ont accumulé des déficits, révèlent certains hommes d’affaires requérant l’anonymat.

Des idées pour corriger

La décision de transporter le carnaval national dans des provinces ou encore décentraliser la fête populaire en soit, mérite d’être encouragée et soutenue. Cependant, la stratégie visant à fragiliser l’industrie locale et décourager la création dans les villes rend la démarche peu crédible.

Pour anticiper le désastre, Réginald Jean Baptiste propose la définition d’un agenda clair pour adresser les préoccupations fondamentales des entrepreneurs locaux. L’État haïtien, la société civile gonaivienne, les entrepreneurs doivent s’entendre sur une organisation du carnaval en harmonie avec la réalité de la ville. « Des fonds devront être disponibles au profit des entreprises pour renforcer leurs initiatives et revaloriser la production locale. Les négoces aux Gonaïves doivent être également partie prenante et sollicités dans la préparation du défilé, conseille le propriétaire du Cosmos Hôtel.

Contrairement à l’idée prônée par l’administration Martelly/Lamothe, les retombées des trois jours gras en 2014 dans le Chef-lieu de l’Artibonite ont été peu visibles. Le secteur des affaires peinait à se remettre de cette saison désastreuse en compétition déloyale. Des entreprises écroulées sous des dettes hésitent à s’embarquer en 2019. Des entreprises peinent encore à se revigorer, évalue M. Orival.

Le propriétaire de Radio Télé Provinciale recommande aux opérateurs hôteliers et restaurateurs de changer de politique. « Les chambres d’hôtels doivent être accessibles pour tous au prix abordable, les restaurants également redoubler d’efforts pour épouser les goûts des fêtards », préconise-t-il.

À moins de 2 mois des Trois Jours-Gras du Carnaval dans la métropole de l’Artibonite, le comité national n’est pas encore à l’œuvre. Des citoyens alertent sur l’expérience regrettable de l’édition 2014, de la débâcle économique et financière vécue par certaines entreprises. Des idées s’organisent pour une version des 3, 4 et 5 Mars 2019 améliorée et pour défier le statu quo.


Hervé Noël
pour Rezo Nòdwès Gonaives
vevnoel@gmail.com

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