(John Wesley Delva) Viaduc : La montagne accouche d`une souris!

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2010

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Dès le départ, le gouvernement laissait croire aux citoyens qu’il allait construire une route aérienne à travers le marquet affiché au Carrefour de l’Aéroport. Toute une propagande avait été orchestrée au tour de cette idée idyllique. Dans les bus, les tap-tap, au marché, partout, ce fut l’objet de commentaires les uns les plus fous que les autres. « Se premye fwa sa pral fèt, Martelly pral fèmen bouch yo », telles étaient les réactions de certaines personnes engluées dans un fanatisme aveugle, qui se croyaient déjà à l’heure du déclic pour une Haïti moderne, émergente à l’horizon de 2030, tel que le gouvernement n’a eu de cesse à le tambouriner. (Epa kounya ! depi kilè kabrit te kon n pon n ze !) Cela s’annonçait un projet passionnant pour les riverains de Port au Prince et de Delmas qui croyaient également en une fin imminente du règne de l’embouteillage dans les rues.




Les travaux ont effectivement démarré, il y’a de cela 2 ans. Le chantier fut entouré de tôles rouges, ayant suscité tous les jours la curiosité des passants qui ne cessaient de poser des questions sur le cours et le coût du projet. Le suspens grossissait au quotidien en même temps que la foi dans une construction historique.

Cependant, à la grande stupéfaction de tous, le mois dernier le pouvoir a inauguré de manière triomphale, au terme de ces deux ans de suspens, ce que les gens appellent un ‘’dos d’âne géant’’ en lieu et place une route aérienne tel qu’il l’a laissé croire sur le marquet, sans donner compte à la population qui n’en demande pas non plus. D’ailleurs, cette dernière a été pitoyablement remarquée en grande foule, dans une liesse enivrante, le jour de l’inauguration en face d’un président en panne d’inspiration qui s’est fourvoyé à travers un interminable discours désarticulé et décousu, sans fond ni forme.

Les attentes sont plutôt décevantes ! Car cette construction qui a pourtant coûté une fortune (18 millions de dollars américains) au trésor public tirée du fond petro-caribe n’a rien d’ingénieux qui pourrait porter à l’émerveillement. Sweet Micky et ses complices du mal voyagent tout le temps et c’est ce qu’ils font le plus et le mieux d’ailleurs. Ils savent ‘’bien propre’’ ce que c’est qu’un viaduc. Ils savent pertinemment que ces masses de béton surplombant le Carrefour de l’Aéroport ne sont pas plus qu’un simple raccourci… Cette réalisation nous met juste en face d’une œuvre de paresse, d’incompétence qui témoigne un déficit de grandeur d’âme et de vision civilisatrice de la part des « tèt kale » .

La construction du dos d’âne est un choix mal calculé du pouvoir relevant d’un amateurisme pur et simple cristallisé dans un élan patent de spontanéité. Si on croyait auparavant que le problème de circulation sur la route de Delmas allait être résolu, alors, contre toute attente, aucune amélioration n’est constatée le lendemain de l’inauguration. Au contraire des bouchons se constatent encore aux heures de pointe, laissant les gens dans leur habituel cauchemar quotidien. Ainsi dit, la construction de ce pont est un gaspillage, une dépense inutile dont la population ne peut tirer aucun bénéfice. C’est en réalité un trompe l’œil pour donner l’impression que quelque chose change en Haïti.

Mais hélas ! La population se résigne. Elle avale la pullule amère (li bouche nen’l pou’l bwè dlo santi a). Faute de grives, on mange des merles, comme le dit le Viel adage. Ainsi, ne serait-on pas en droit d’avouer que nous avons affaire ici avec une population, aliénée, momifiée qui courbe l’échine devant tous les caprices d’un pouvoir trompeur, bluffeur. Une population incapable de demander des comptes aux dirigeants. Sinon elle s’arrogerait le droit de questionner le cout du projet, sa légalité, à savoir si celui ci avait été exécuté suivant les lois nationales portant sur la passation de marché. En tout cas, Ce peuple dont l’âme révolutionnaire semble annihilée dans les désirs du bas ventre est incapable de se révolter contre un ordre qui pourtant lui est visiblement meurtrier. Hélas ! C’est une population victimaire qui participe donc consciemment ou inconsciemment au processus de sa victimisation…que faudrait-il encore ajouter sinon viktwa pou pèp la ki resi gen wout anlè !

John Wesley DELVA

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