Par Camille Loty Malebranche
Quand les populaces manipulées confondent démocratie et ploutocratie, la politique d’État – malgré sa gestuelle du choix électoral – ne peut aboutir qu’au plébiscite de l’ordre oligarchique où quelques-uns abusent de tous et en font la chose de leurs privilèges oligarchiques. Les cohues instrumentalisées, réifiées pour légitimer le système des riches, ne sauraient que changer de décor pour le même habitat d’impostures.
Le véritable politique au pouvoir est un leader souverain, uni dans son être au service de l’État-Nation, qui ne se soumet jamais à des oligarques par complexe d’infériorité ou flagornerie. Le politique est l’Homme sans duplicité dans sa fidélité à la Nation qui est ici vraiment le Peuple, en tant qu’il s’agit de défense et de garantie des intérêts collectifs contre les excès et forfaits de quelques riches criminels qui tendent à user de l’État comme de leur bien privé pour leurs seuls intérêts mesquins et crapuleux. Le politique n’a de mission suprême que celle de mettre effectivement au service du Peuple dans les faits de la politique appliquée, les structures de l’État qu’il dirige comme élu du Peuple.
Hors de cela, il n’y a que des voyous et des veules, marionnettes menteuses et traîtresses des peuples.
Aujourd’hui, les establishments choisissent les pires bouffons pour « diriger » les pays, ou plutôt pour faire de la figuration dirigeante à la tête des États. Mimésis terrible, déroutante pour les peuples, dénaturante de la politique dont la vocation est d’être champ d’action du politique pensant au pouvoir, domaine du leader qui projette et réalise les tendances et vœux sociaux représentés par sa personne choisie! Nous vivons, entre autres, dans l’espace politique, notamment en occident, ce que Nietzsche appelait « le temps des derniers des hommes ».
Pourquoi alors des chefs d’État payés et honorés s’ils sont tellement veules, inconsistants et félons des espoirs des votants?
Nous répondons que c’est pour faire l’histrion au nom des establishments ploutocrates et jouer le rôle d’éponge en face de la société. La fonction présidentielle, en effet, a perdu de son prestige et surtout de son sens et de sa vraisemblance, et avec elle, la dignité et la moralité étatique sont savamment éclipsées puisque l’État est accaparé par la mafia officielle autorisée des establishments financiers et des multinationales qui, les uns et les autres, lui imposent leur férule et font tout pour réduire ledit État au strict stade répressif de gardien de leur ordre économique au dédain du social. Dans cette perspective, où l’État décideur est valétudinaire voire moribond parce que manipulé pour l’effacement et prostitué à l’économie triomphante, où le monde s’oriente vers un statut de marché gouverné par les aléas boursiers, où les états sont de plus en plus des sortes de succursales des multinationales ; la démocratie n’est plus l’expression des libertés populaires mais la légitimation des choix économiques de l’oligarchie ploutocratique mondiale qui justifie l’ère de l’économisme planétaire derrière les leaders votés par les masses espérant le changement à leur misère. Masses désarmées devant leur sort, cherchant désespérément par le bulletin de vote, à exprimer une souveraineté que les establishments – protégés et dissimulés par la kunée du système politico-économique de l’État prisonnier de leurs caprices, servis par le zèle infect de la plupart des chefs d’État et de gouvernement – ont longtemps déjà ôté du ressort des peuples.
Nous vivons l’ère de la mort du politique (disparition de l’homme politique encore orienteur de conscience), les leaders sont d’un tout autre temps, ne restent que les oripeaux de l’électoralisme de partis! Aujourd’hui la peopolisation a supplanté la pensée et le spécialiste ou technicien a remplacé le penseur. La logorrhée d’économisme, le financiarisme soi disant rationnel pourtant tellement aléatoire des bourses, a éteint tout discours social. Le politique est mort, ne règne que le politicien crapuleux sans autre perception de la politique que la prostitution de l’État aux establishments immondes contre la société.
Mais ma question est: que font les peuples contre ceux qui leur reprennent peu à peu tout ce que leurs parents des siècles derniers ont acquis par le militantisme discursif, par le fusil, par le syndicalisme!? L’écologisme, cette singerie de la vraie politique écologique à mener et qui sévit dans toutes les propagandes people, a supplanté tous les autres débats dans les talk show, les documentaires et les bulletins d’information.
Tant que la conscience sociale des peuples restera embourbée pas assez dessillée pour comprendre qu’il faille changer de société et non d’histrions officiels; tant que les peuples auront foi au capitalisme tel qu’il est par et pour la ploutocratie, ils ne feront que recycler indolemment, servilement, ces mêmes rognures politicardes par des élections à saveur masochiste, consacrant leur temps et leur choix à renouveler le même ordre en cours, ordre aux mains des bourreaux du destin populaire!
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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