Le décret du 19 juillet 2024 portant création, organisation et fonctionnement de la Conférence Nationale en Haïti s’inscrit dans une démarche de refondation institutionnelle et de consolidation démocratique. Sa faisabilité repose sur une structure organisationnelle claire, des objectifs précis et des mécanismes de suivi robustes. Toutefois, son succès dépendra de l’engagement politique, de la mobilisation des ressources financières et de la participation citoyenne sans ingérence. Une mise en œuvre rigoureuse et coordonnée est absolument nécessaire pour réaliser les réformes nécessaires et renforcer définitivement la démocratie en Haïti, face à ces transitions qui n’en finissent pas avec une série de gouvernement aux administrations défaillantes.
1. Cadre Juridique et Institutionnel
Le décret repose sur une série de dispositions légales et réglementaires, notamment les décrets et arrêtés relatifs aux limites territoriales et aux structures de l’État. La légitimité juridique de ce décret est renforcée par son adoption en Conseil des Ministres, ce qui confère une autorité formelle et une reconnaissance institutionnelle.
Dispositif Participatif :
- Article 1 : Établit un cadre inclusif, intégrant diverses représentations de la société (jeunesse, universitaires, religieux, magistrats, etc.). Cette approche est juridiquement solide, car elle répond à des exigences de représentativité et d’inclusivité prévues par les conventions internationales relatives aux droits humains.
Objectifs Clairs :
- Articles 2 et 3 : Fixent des objectifs précis pour la Conférence Nationale, incluant l’évaluation des institutions de l’État, la promotion des droits de l’homme et la formulation de recommandations pour renforcer la démocratie. Cette démarche est en accord avec les principes de transparence et de responsabilité démocratique.
2. Organisation et Fonctionnement
Structure Organisationnelle :
- Articles 5 à 11 : Détaillent la structure de la Conférence Nationale, avec un Comité de Pilotage et un Secrétariat Technique d’Organisation. Cette organisation hiérarchisée permet une coordination efficace des travaux et assure une répartition claire des responsabilités.
Commissions Thématiques :
- Articles 10 à 15 : Prévoient la création de commissions thématiques pour traiter des domaines spécifiques (justice, éducation, santé, etc.). Cette structure permet une approche ciblée et spécialisée des problématiques, ce qui est essentiel pour une analyse approfondie et pertinente.
Fonctionnement :
- Articles 16 à 22 : Définissent les modalités de fonctionnement, y compris la méthodologie, les réunions et les rapports d’activités. La régularité des rapports et la transparence des travaux répondent aux exigences de bonne gouvernance et de reddition de comptes.
3. Suivi et Mise en Œuvre
Comité de Suivi :
- Articles 16 à 20 : Instituent un Comité de Suivi chargé de la mise en œuvre des recommandations. Ce mécanisme de suivi est crucial pour garantir que les conclusions de la Conférence soient effectivement appliquées. La coopération avec les autorités nationales et internationales est également prévue, ce qui est essentiel pour obtenir le soutien nécessaire à la mise en œuvre des réformes.
Rapports Périodiques :
- Article 20 : Exige des rapports périodiques soumis au Président de la République et au Parlement, assurant ainsi une supervision continue et une transparence dans l’exécution des recommandations.
4. Dispositions Diverses et Finales
Ethique et Transparence :
- Articles 21 et 22 : Imposent des principes d’éthique et de transparence aux membres de la Conférence Nationale, avec des sanctions en cas de violation. Ces dispositions sont conformes aux normes de gouvernance responsable.
Financement et Ressources :
- Articles 23 à 25 : Prévoient le financement des travaux par le budget national et l’appui des partenaires internationaux. Cette provision est cruciale pour garantir la faisabilité financière des activités de la Conférence.
Publicité des Travaux :
- Article 26 : Oblige la diffusion publique des travaux, renforçant ainsi la transparence et l’accès à l’information pour les citoyens.
5. Faisabilité et Défis
Faisabilité Juridique :
Le décret est juridiquement solide et bien structuré. Il s’appuie sur des bases légales existantes et propose une organisation claire et détaillée. Les objectifs et les responsabilités sont définis de manière précise, ce qui facilite leur mise en œuvre.
Défis Potentiels :
- Engagement Politique : La réussite de la Conférence dépendra largement de l’engagement politique des autorités nationales et de la volonté de coopérer des différentes parties prenantes.
- Ressources Financières : Assurer un financement adéquat est crucial. Bien que le décret prévoie un soutien international, mobiliser ces ressources pourrait représenter un défi.
- Coordination et Gestion : La coordination efficace entre le Comité de Pilotage, le Secrétariat Technique, et les commissions thématiques est essentielle. Une gestion rigoureuse est nécessaire pour éviter les chevauchements et les inefficacités.
- Participation Citoyenne : Garantir une participation active et significative de toutes les parties prenantes, en particulier des groupes marginalisés, est crucial pour la légitimité et le succès de la Conférence.
Fait à Port-au-Prince, le [date du décret].