Le « Conseil Présidentiel de Transition » apparaît plus comme une désignation formelle que comme une manifestation tangible d’une gouvernance efficace. En effet, les actions concrètes du gouvernement sont absentes, laissant le champ libre aux gangs et à l’insécurité qui en découle. Le fait que des membres de l’ancien gouvernement défaitiste Tèt Kale 3-SDP-Fusion-RDNP-Inite… continuent d’occuper des postes clés dans cette nouvelle équipe interpelle sur la nature réelle du changement espéré et tant attendu par des dizaines de millions d’Haïtiens sur le terrain comme à l’extérieur.
Haïti est plongée dans une profonde crise humanitaire alors que la violence des gangs ravage la capitale, Port-au-Prince, et que les habitants redoutent désormais l’approche de la saison des ouragans.
La recrudescence de la violence des gangs a entraîné le déplacement de 360 000 personnes de leur domicile, les contraignant à trouver refuge dans des hébergements de fortune tels que des tentes, des parkings et des établissements scolaires. Malgré les efforts de communication du gouvernement de transition, la réalité sur le terrain dépeint un tableau bien sombre. « Le pays n’est toujours pas géré ni administré ». L’inefficacité administrative est flagrante, symbolisée par le maintien de membres de l’ancienne équipe au sein du nouveau gouvernement. Cette continuité dans le pouvoir ne fait que perpétuer les dysfonctionnements systémiques.
La sélection de Patrick Michel Boisvert comme Premier ministre de facto bis, sans aucune procédure légale ou constitutionnelle précise, relance la question de la légitimité de son autorité. Cette confusion institutionnelle est exacerbée par la persistance de la violence des gangs, tragiquement évoquée par l’attaque meurtrière contre d’innocents passagers d’un bus mardi après-midi.
Un spécialiste, s’exprimant auprès du New York Times, a mis en garde contre la menace imminente de la saison des ouragans, susceptible de déclencher une « catastrophe ». Pierre Marie Boutin, un agent de l’agence de protection civile, a déploré : « Ils sont arrivés par transport en commun avec tous leurs biens domestiques – lits, matelas et mobilier. Dans un mois commencera la saison des ouragans, et nous ne sommes pas prêts. En cas de catastrophe, nous sommes démunis. Nous ne disposons de rien, et les conséquences seraient vraiment désastreuses. »
Laurent Uwumuremyi, directeur d’Haïti pour Mercy Corps, une organisation humanitaire financée par les États-Unis, a également confirmé, déclarant : « De nombreuses personnes vivent dans de petits abris de fortune. Au vu de la situation actuelle et de son évolution depuis la fin février, il semble peu probable qu’une amélioration soit imminente. »
Les Nations unies accusées de « bénir la fédération des gangs », ont averti que le nombre de personnes déplacées devrait dépasser 400 000, avec des centaines d’enfants non accompagnés, dont des orphelins, arrivant dans des camps temporaires.
L’escalade de la violence des gangs en début d’année a coïncidé avec les efforts du Premier ministre alors en fonction, Ariel Henry, pour négocier un accord unilatéral et inconstitutionnel prévoyant l’intervention de policiers kényans en Haïti pour affronter les gangs en mission. Pendant l’absence d’Henry du pays, les gangs ont lancé des attaques contre les prisons et l’aéroport principal.
Jimmy « Barbecue “ Cherizier, le chef de gang terroriste le plus connu d’Haïti, agissant comme une marionnette entre les mains de puissantes institutions politico-financières, aurait poussé Henry à démissionner sous la menace d’une guerre civile et d’un soit-disant ” génocide ».
Un expert des Nations unies a récemment qualifié Haïti de « prison à ciel ouvert », alors que la situation du pays atteint des proportions « apocalyptiques ». William O’Neill, l’expert indépendant désigné par l’ONU pour les droits de l’homme basé à New York, a déclaré : « Les écoles, les hôpitaux, les institutions gouvernementales clés – tout est actuellement en danger. Port-au-Prince et ses environs ressemblent à une prison à ciel ouvert. Il n’y a aucun moyen de s’échapper – par voie aérienne, terrestre ou maritime. En fait, ce n’est même plus tellement à ciel ouvert car les habitants ont peur de quitter leur domicile. »
Concernant les rapports sur le recrutement d’enfants par les gangs, il a exprimé une vive inquiétude, déclarant : « Cette évolution est extrêmement préoccupante. Les gangs ont dirigé leur violence contre des personnes qu’ils considèrent comme une menace pour leur domination continue sur les territoires qu’ils contrôlent. »
Le constat amer que le pouvoir réel en Haïti est souvent déterminé par des puissances étrangères accentue la fragilité de la souveraineté nationale. Dans ce climat d’instabilité politique et de menace imminente d’ouragans, le peuple haïtien reste prisonnier de l’incertitude et de l’impuissance.