En raison de l’impunité et de la corruption à grande échelle, Haïti, qui se retrouve maintenant à attendre des miettes, a été réduit à cet état désolant. Cette corruption a dévoré des milliards de dollars de bénéfices que le programme Petro Caribe avait générés pour le gouvernement, tout en entraînant une dette croissante envers le Venezuela.
Les intérêts personnels des syndicalistes exacerbent aujourd’hui la crise liée à la hausse des prix du carburant en Haïti.
Dimanche 9 juillet 2023 ((rezonodwes.com))–L’ancien président Jovenel Moïse, dont la vie a été tragiquement prise le 7 juillet 2021, a emporté avec lui dans sa tombe toutes les mesures de protection et de fonctionnement des institutions étatiques qu’il n’avait malheureusement pas réussi à préserver avant sa disparition soudaine. Il est essentiel que les véritables instigateurs de ce crime soient traduits en justice et condamnés à purger leur peine dans le pénitencier national.
La détresse d’Haïti : Entre impunité, corruption et une dette croissante après l’épuisement des bénéfices du programme Petro Caribe.
Selon un rapport émanant d’une commission sénatoriale sur la dernière livraison de carburants au prix de référence dans le cadre du programme Petro Caribe, il a été révélé que l’administration Jovenel-Jack Guy Lafontant avait également manipulé des fonds Petro Caribe, bien que cette information n’ait pas été consignée dans la comptabilité nationale. C’est sous la pression des tuteurs du régime Tèt Kale que ce programme, qui avait pourtant apporté des avantages au peuple haïtien, a été contraint de prendre fin prématurément en mars 2018.
Un article publié la semaine dernière dans les colonnes de Aljazeera décrit l’adhésion d’Haïti au programme de solidarité vénézuélien Petrocaribe en janvier 2006, qui fournissait du pétrole au pays à des conditions favorables. Haïti pouvait acheter 60 000 barils par jour à un prix réduit, avec la moitié des coûts remboursables sur 25 ans à un taux d’intérêt de un pour cent en espèces, ou en échange de biens exportés par Haïti.
L’objectif était de libérer des ressources pour des initiatives de développement économique dans les infrastructures et de stimuler la production agricole. Cependant, une corruption à grande échelle a englouti des milliards de dollars de bénéfices que le programme avait rapportés au gouvernement, tout en accumulant une dette croissante envers le Venezuela.
Avec l’économie vénézuélienne en lambeaux, Caracas a dû interrompre les livraisons de pétrole en mars 2018, ce qui a déclenché des pénuries de carburant en Haïti. La crise a été aggravée par la décision du gouvernement en juillet de la même année de supprimer les subventions énergétiques, ce qui a entraîné une augmentation des prix du carburant de plus de 50 %.
La contribution minime d’Haïti aux émissions mondiales de gaz à effet de serre
Cette décision, précise l’auteur du texte de Aljazeera, a été prise sous la pression du Fonds monétaire international, qui a promis un prêt financier de 96 millions de dollars pour aider le pays à rembourser sa dette, ainsi que du G20 et d’agences internationales, qui ont appelé à la fin des subventions aux carburants. Cette mesure reflétait également les engagements d’Haïti en matière de politiques dans le cadre de l’Accord de Paris pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 31 % d’ici 2030.
La rupture des approvisionnements en pétrole par le biais du programme Petrocaribe a également contraint le gouvernement haïtien à se tourner vers le marché mondial, en particulier vers le fournisseur d’énergie américain Novum Energy Corp, pour se procurer du carburant. À mesure que le gouvernement s’endettait davantage, avec une dette de quelque 130 millions de dollars envers les fournisseurs de carburant, les pénuries s’aggravaient et la corruption étale ses tentacules.
Subventions au carburant indispensables
Les syndicalistes priorisent leurs propres avantages plutôt que de demander au gouvernement de facto de revenir sur la hausse drastique de 120 % des prix de vente du gallon de carburant. Cette augmentation a entraîné une inflation galopante et une augmentation du coût de la vie, contribuant à une crise alimentaire qui a attiré l’attention au niveau international. Malgré l’importance des subventions au carburant, les syndicalistes semblent privilégier leurs intérêts personnels, ce qui laisse la population haïtienne dans une situation difficile.
En cédant aux pressions internationales pour supprimer les subventions, le gouvernement haïtien a satisfait les intérêts étrangers, mais a mis en danger la survie de sa propre population, précise l’analyste. Le pays ne représente que 0,02 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et pourtant, son peuple paie un prix disproportionné pour se conformer aux normes financières internationales et aux contrôles d’émissions.
Les subventions au carburant représentaient seulement 2,2 % du PIB d’Haïti et constituaient un moyen pour le gouvernement de soutenir les citoyens appauvris, qui continuent de lutter après le séisme massif de 2010 et les conséquences des catastrophes naturelles annuelles.
source: Al Jazeera