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Vendredi 9 juin 2023 ((rezonodwes.com))–La première rencontre officielle entre la nouvelle représentante du Secrétaire général des Nations-Unies en Haïti, Maria Isabel Salvador et des journalistes à Port-au-Prince est le témoignage patent d’un pouvoir de facto porté à bout de bras par la communauté internationale.
Sans détour, la représentante du secrétaire général des Nations-Unies a livré, vendredi au siège du Bureau intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH) à Juvenat, ses impressions sur la situation d’Haïti engluée dans une sociopolique à l’allure inquiétante. Droit dans ses bottes, la diplomate Maria Isabel Salvador affirme que les Nations-Unies soutiennent le gouvernement de facto dirigé par le Dr Ariel Henry. Pour elle, l’Accord du 21 décembre est considéré comme « une démarche légitime ». Des membres de l’Accord de Montana, promoteurs d’une transition de rupture, ont approuvé l’Accord du 21 décembre, revèle le numéro un du BINUH.
À propos de l’insécurité et l’organisation des élections, Maria Isabel Salvador s’est montrée réaliste en affirmant qu’un climat sécuritaire propice à la tenue des compétitions électorales est plus que nécessaire. La démarche consiste d’abord à démanteler les gangs avant d’envisager une convocation aux urnes, a-t-elle soutenu.
D’autres aspects de la conjoncture ont été abordés par la cheffe du BINUH dont le Forum du Haut conseil de la transition (HCT) et le Sommet de la Jamaïque. En ce qui concerne la dernière, Maria Isabel Salvador déclare encourager toute initiative visant à porter le dossier haitien hors de ses frontières pour des perspectives de solution. Parallèlement, le Forum du HCT est perçu comme une tentative du pouvoir de rassembler autour de la table les différents acteurs politiques et des représentants de la société civile.
Au cours de cet échange, l’officielle onusienne s’est engagée à eclaircir certaines zones d’ombre et des sujets controversés. S’agissant de la demande de l’intervention d’une force militaire étrangère en Haïti pour mater les gangs formulée par le Premier ministre Ariel Henry, la diplomate équatorienne s’est vue ranger du côté du chef de la Primature en soulignant que la démarche concerne l’envoi d’une militaire technique pour accompagner la Police nationale d’Haïti (PNH). Cette force sera en première ligne dans le combat contre le grand banditisme et la criminalité qui sévissent en Haïti, a-t-elle repris.
À propos des sanctions, des progrès sont à espérer, de l’avis de Maria Isabel Salvador. S’il est vrai qu’entre les annonces et les actions un fossé s’impose, la dirigeante du BINUH informe que le comité de suivi est à pied d’oeuvre. D’ici là fin du mois de juin, le président du comité de sanction sera en Haïti. Le gabonais, dont l’identité n’a pas été dévoilée, devra soumettre incessamment un rapport sur ce volet. Jusqu’ici Jimmy « Barbecue » Cherizier, chef de la coalition « G-9 », est le seul à être sanctionné par les Nations-Unies.
Dans le même registre, Maria Isabel Salvador a évité tout commentaire à propos du projet de fédérer les gangs profitable au pays, vivement soutenu et encouragé par sa prédécesseuse, Helen La Lime. Chacun doit répondre de ses propres actes, et si on veut exprimer une idée sur quelqu’un il faut détenir les preuves suffisantes, a-t-elle réagit.
Hervé Noël
vevenoel@gmail.com