Boston | Accusations de torture et d’assassinat de ses opposants politiques – Un ex-maire d’Haiti, allié de Martelly, comparait devant un tribunal fédéral de Massachusetts

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La juge Allison Burroughs a rejeté la demande de classement sans suite de Viliena, citant « la faiblesse, la politisation et la corruption du système judiciaire haïtien » et le risque de représailles pour les plaignants s’ils intentent des actions en justice en Haïti.

Lundi 13 mars 2023 ((rezonodwes.com))–L’ancien maire de Les Irois, Jean Morose Viliena, accusé d’avoir terrorisé ses opposants politiques, sera jugé lundi par le tribunal fédéral de Boston dans une affaire qui met en lumière la nature violente de la politique haïtienne et l’absence de responsabilité.

Le procès intenté à Jean Morose Viliena, qui vit aujourd’hui dans la banlieue de Boston, comprend entre autres des accusations de meurtre, de torture et d’incendie criminel dans la ville de Les Irois, située à environ 140 miles à l’ouest de la capitale haïtienne, Port-au-Prince.

Les plaignants de la procédure déposée par le Center for Justice and Accountability de San Francisco sont trois citoyens haïtiens qui affirment qu’eux-mêmes ou leurs proches ont été violemment persécutés par Viliena et ses alliés politiques.

Ils accusent Viliena, un fidèle allié de l’ancien président Sweet Micky Michel Martelly, et ses associés d’avoir tué le frère d’un homme qui accusait Viliena de mauvaise conduite dans l’exercice de ses fonctions, d’avoir tenté de tuer deux autres personnes lors d’un raid sur une station de radio communautaire et d’avoir incendié 36 maisons en s’en prenant à des opposants politiques.

Les plaignants se fondent sur la loi de 1991 relative à la protection des victimes de la torture (Torture Victim Protection Act), une loi américaine qui permet d’engager des poursuites civiles aux États-Unis contre des fonctionnaires étrangers soupçonnés d’avoir commis des actes de torture ou des exécutions extrajudiciaires si toutes les voies de recours dans leur pays d’origine ont été épuisées.

Les plaignants ont déposé des plaintes contre Viliena en Haïti, mais celui-ci a finalement été libéré et n’a jamais été jugé.

Daniel McLaughlin, un avocat des plaignants, a déclaré que la violence politique en Haïti est « endémique ».

« Il est presque impossible de demander des comptes pour des actes de violence politique commis par des personnes bien connectées », a-t-il déclaré. « Et ce niveau d’impunité règne partout en Haïti.

Ce n’est pas la première fois qu’un ancien fonctionnaire haïtien comparaît devant un tribunal américain pour répondre d’actes répréhensibles commis dans son pays. En 2006, un juge de New York a ordonné à l’ancien homme fort d’Haïti, Emmanuel « Toto » Constant, de verser 19 millions de dollars de dommages et intérêts à trois femmes qui affirmaient avoir été victimes de viols collectifs commis par des soldats paramilitaires sous son commandement.

Viliena, qui vit à Malden et est désormais un résident permanent légal des États-Unis, a refusé de faire des commentaires et a renvoyé les questions à son avocat, Peter Haley, qui a également refusé de commenter.

Dans les documents déposés avant le procès, Viliena a nié les allégations et a demandé au juge de se prononcer en sa faveur en raison du manque de preuves.

La juge Allison Burroughs a rejeté la demande de classement sans suite de Viliena, citant « la faiblesse, la politisation et la corruption du système judiciaire haïtien » et le risque de représailles pour les plaignants s’ils intentent des actions en justice en Haïti.

Viliena a été maire des Irois, une ville d’environ 22 000 habitants située à l’extrême ouest d’Haïti, de fin 2006 à début 2010, selon la plainte.

Il a été élu en tant que candidat du Mouvement démocratique et réformateur haïtien et a été soutenu par le Comité de résistance de Grande-Anse, qui domine la politique régionale par le clientélisme, les menaces et la violence armée, selon l’action en justice.

Le procès allègue qu’en 2007, Viliena a entamé une « campagne de persécution » contre David Boniface, un partisan de l’opposition politique, après qu’il ait tenté de défendre un voisin qui aurait été agressé par Viliena.

Peu de temps après, lors d’une audience devant un juge des Irois, Boniface a accusé Viliena d’avoir abusé de son autorité. Ce soir-là, Viliena aurait conduit un grand groupe d’hommes armés de fusils, de machettes et de gourdins au domicile de Boniface. En l’absence de Boniface, son jeune frère, Eclesiaste Boniface, a été traîné hors de la maison et mortellement abattu par l’un des hommes de Viliena, selon le procès.

La plainte affirme également que Viliena et ses hommes ont battu et abattu deux hommes dans une station de radio communautaire en 2008. L’un des hommes, Juders Ysemé, est devenu aveugle d’un œil, tandis que l’autre a perdu une jambe et a passé plusieurs mois à l’hôpital, selon la plainte.

Le second homme, Nissage Martyr, est décédé depuis et son fils a pris sa place en tant que plaignant.

La plainte vise à obtenir des dommages et intérêts non spécifiés.

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