D’Ève à Pandore, la crise de disharmonie humaine

0
961

Ni Pandore ni Ève n’ont apporté, en tant que femmes, le malheur aux hommes, car le malheur n’est pas dans le genre mais dans les défauts de la mise en commun des genres qui ne travaillent pas toujours leur différence pour en faire une force d’harmonisation de leur altérité complémentaire.

Par Camille Loty Malebranche

Mercredi 15 février 2023 ((rezonodwes.com))–

D’Ève à Pandore, Ce n’est jamais que la mise en exergue de l’indignité de toute communication relationnelle des genres naturels par la claustration des individus mâles et femelles dans les murs de leur ego malsain agressif, voulant le pouvoir – la femme par la séduction, l’homme par la force – provoquant ainsi l’échec des rapports entre les genres. C’est aussi un problème du rapport à soi où il est toujours question de manipulation violente ou séductrice pour la domination, qui engendre le mal et la conflictualité avec ses feintes et hypocrisies pour cliver la société et régner en soumettant autrui à travers l’interaction interindividuelle et interclasses de la connexion sociale institutionnalisée par les structures du pouvoir qui servent les rapports de classe, les modalités de pouvoir…

Ainsi, ces figures féminines génitrices de l’humanité, ces faces de la féminité originelle, nous mettent en garde contre la dénaturation de nos rapports originaires de fraternité, d’amitié, d’amour, d’humanité, quand la séduction et l’obsession de la domination prévalent dans le couple, la famille et la société.

Il est intéressant ici de voir qu’Épiméthée qui a reçu la boîte de Pandore, est – à l’inverse de son frère Prométhée, ce faux conquérant damné pour avoir voulu tromper Dieu, qui s’est retrouvé ontologiquement ruiné, esclave des chaînes de son illusion mortifère sous la dévoration de l’aigle symbolisant sa corruption existentielle de conquérant maudit – une autre allusion au déchu, en tant qu’il est celui qui regarde en arrière, incapable de marcher vers une quelconque destination, indigne par son inaptitude à se créer des horizons. Comme si, la juste et digne mesure du jugement vrai manquant à l’homme privé de sagesse, la juste et saine assumation se retrouve comme fatalement ravagée par les défauts des caractères, les tares des tempéraments.

Ève, pauvresse, antihéroïne de l’avènement du mal où elle serait l’intermédiaire du serpent originel, elle non plus, n’eût pu entraîner Adam et l’espèce dans le péché et ses lugubres conséquences, si la perversion ophidienne ne rampait déjà dans les intériorités indignes de l’humain, si la dépravation n’habitait l’espèce elle-même corrompue, emportée dans ses déviances antispirituelles et délires d’orgueil de non gérance de ses turpitudes intérieures à l’image de cet Adam, bête à manger du foin, qui ne put se raisonner lui-même pour refuser la tentation dont Ève ne fut que la catalyseuse conscientielle. Ève est l’incarnation des faiblesses de la conscience que l’Adam, force et raison conscientielles, n’arrive pas à transcender en l’être humain, d’où les défaites d’une humanité défigurée par le mal.

Heureusement que Dieu nous donne la rédemption christique, là où il est possible de refaire le mythe de Pandore et de faire que dans la vérité espécielle de l’Homme, prévale la spiritualité qui gagne. Là, où dans leurs rapports de couple et de société, hommes et femmes collaborent dans la justice pour que l’espérance coincée au fond de la boîte de Pandore soit libérée et que les cieux promis du salut de l’Homme soient assumés en chaque être humain qui prend conscience de ses possibles, s’engage à transcender ses faiblesses, pour vivre la vérité humaine. En vérité, il n’est qu’à nous de vaincre pour atteindre la vocation supérieure de notre humanité, notre déité d’Imago Dei incarnée. À nous, hommes ou femmes, de conjurer les abysses piégeurs de l’Ève et de la Pandore en notre intériorité, où nous devons leur imposer la transcendance spirituelle, intellectuelle et morale de l’Adam vocationnel qui les empêchera à jamais de se manifester en notre for intérieur et aussi par devers nos rapports individuels et collectifs à autrui.

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

Lire l’original de l’article sur le blog Intellection

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.