Journal JDD :  »Pourquoi l’ONU est-elle impuissante en Haïti », s’interroge Antoine Malo

0
1010

Le Journal du Dimanche, sous la plume de Antoine Malo, a souligné l’impuissance de l’ONU à gérer la crise actuelle en Haïti, où le pays est en proie à une triple crise sécuritaire, politique et humanitaire.

Selon Frédéric Thomas, chargé d’études au Centre Tricontinental, il ne faut pas attendre grand-chose de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU qui se tiendra mardi. Il ajoute que le projet d’une intervention armée internationale, évoqué à l’automne dernier par le Premier ministre haïtien, Ariel Henry, et défendu à Washington n’a pas abouti car les Etats-Unis ont refusé de participer et ont demandé au Canada de prendre la direction de l’opération, mais Justin Trudeau a refusé de déployer des soldats dans une opération à risque.

En l’absence d’interventions armées, les gangs qui ont mis le pays en coupe continue de régner en maître. Les sanctions canadiennes et américaines prises récemment contre des personnalités accusées d’entretenir des liens avec les groupes criminels n’ont eu aucun effet. Depuis début janvier, les kidnappings et violences ont augmenté de manière significative. Cette insécurité a entraîné le déplacement de 150 000 personnes, tandis que la faim et le choléra ont fait leur retour sur l’île.

Le bureau de l’ONU sur place incite à organiser des élections pour résoudre la crise, mais cela s’avère impossible en raison du climat de violence actuel. Le chercheur Frédéric Thomas propose une autre solution, celle d’une transition de rupture.

Ariel Henry a signé des accords avec les partis et la société civile pour qu’un Haut Conseil de la transition accompagne le gouvernement jusqu’à la tenue d’un nouveau scrutin en février 2024. Cependant, une partie de l’opposition voit cela comme une façon pour Ariel Henry de conserver le pouvoir et de gagner du temps.

Mardi 24 janvier 2023 ((rezonodwes.com))–

Le Journal du Dimanche : Pourquoi l’ONU est-elle impuissante en Haïti ?

Par Antoine Malo

Une nouvelle réunion du Conseil de sécurité de l’ONU doit se pencher ce mardi sur Haïti, en proie à une triple crise, sécuritaire, politique et humanitaire.

Haïti coule et le monde, en manque de solutions, la regarde plus sombre. Une nouvelle réunion du Conseil de sécurité de l’ONU doit se pencher mardi sur l’île des Caraïbes, en proie à une triple crise, sécuritaire, politique et humanitaire. «Mais il ne faut pas en attendre grand-chose, prévient Frédéric Thomas, chargé d’études au Cetri (Centre tricontinental). Au mieux, on y enterrera l’idée d’une intervention armée internationale. » Ce projet avait germé à l’automne dans l’esprit du Premier ministre haïtien, Ariel Henry, avant d’être défendu à Washington. «Sauf que les États-Unis ne veulent pas y prendre part et se sont tournés vers le Canada pour qu’elle en assume la direction», poursuit le chercheur. Joe Biden s’est heurté alors au refus de Justin Trudeau, qui ne souhaite pas engager ses soldats dans une opération où il n’y a que des coups à prendre.

En attendant, les gangs qui ont mis le pays en coupe ont prouvé d’imposer leur loi. L’effet des sanctions canadiennes et américaines prises récemment contre des personnalités –dont l’ancien président Michel Martelly– accusées d’entretenir des liens avec les groupes criminels s’est déjà dissipé. Depuis début janvier, kidnappings et violences sont repartis à la hausse. Cette insécurité a entraîné un déplacement de 150 000Haïtiens tandis que la faim et le choléra ont fait leur retour sur l’île.

Le bureau de l’ONU sur place incite à organiser des élections

Cette boucle du malheur peut-elle encore être brisée ? Probablement, encore faudrait-il à Port-au-Prince des autorités locales vertueuses et légitimes. Depuis le 9 janvier et la fin de mandat des dix derniers sénateurs encore en poste, le pays ne compte plus un seul représentant élu national. Le très contesté Ariel Henry dirige seul, s’appuyant sur une administration soupçonnée au mieux de corruption, au pire de collusion avec les gangs.

Le bureau de l’ONU sur place incite donc à organiser des élections. Un vœu pieux tant le climat de violence rend ce projet impossible. « Il existe pourtant une autre solution, déjà connue  : la mise en place d’une transition de rupture », affirme Frédéric Thomas. Sous pression, Ariel Henry a signé en décembre des accords avec les partis et la société civile pour qu’un Haut Conseil de la transition composé de trois personnalités indépendantes accompagne le gouvernement jusqu’à la tenue d’un nouveau scrutin en février 2024. Une partie de l’opposition y voit surtout une façon pour le chef de gouvernement de garder la main et de gagner du temps.

Source

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.