Pérou : les protestations se poursuivent dans une crise qui a déjà fait 60 morts incluant 4 haïtiens

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« Ce gouvernement ne nous représente pas, il est illégitime pour le peuple aymara », déclare à l’AFP, un manifestant qui a participé aux marches à Lima.

Dimanche 22 janvier 2023 ((rezonodwes.com))–De nouveaux affrontements ont éclaté vendredi dans les régions du nord et du sud du Pérou dans le cadre des manifestations antigouvernementales, qui ne se sont pas calmées malgré les 55 morts qu’elles ont fait depuis leur début en décembre, tandis que quelque 300 touristes étaient bloqués à Machu Picchu.

Les manifestations ont incité le gouvernement de la présidente Dina Boluarte à déclarer l’état d’urgence dans sept des 25 régions du pays – y compris la capitale et les régions du nord et du sud du pays – jusqu’à la mi-février, permettant ainsi aux militaires d’intervenir aux côtés de la police pour contrôler l’ordre public et limiter les actes de vandalisme.

Les affrontements de vendredi se sont concentrés dans les régions de La Libertad (nord) et d’Arequipa (sud), avec des blocages de routes et des batailles rangées entre les manifestants, qui jetaient des pierres avec des frondes, et la police, qui les repoussait avec des gaz lacrymogènes.

À Arequipa, deuxième ville du Pérou, des dizaines d’habitants ont tenté pour la deuxième journée consécutive d’envahir la piste de l’aéroport, fermée et gardée par les forces de l’ordre depuis jeudi.

Les troubles ont fait 45 morts parmi les manifestants et un policier depuis décembre dernier, tandis que 14 autres personnes, dont un bébé à naître et quatre Haïtiens, sont décédées de diverses causes provoquées par les barrages routiers et les manifestations, qui ont commencé le 7 décembre, après la destitution et l’arrestation du président de gauche Pedro Castillo. Celui-ci est accusé d’avoir tenté un coup d’État en dissolvant le Congrès contrôlé par la droite, qui était sur le point de le démettre du pouvoir pour corruption présumée. Il a été remplacé par Boluarte, qui a occupé le poste de vice-président mais qui est considéré comme un « traître » par les manifestants.

A Cusco, le service de train vers la citadelle inca Machu Picchu, fleuron du tourisme péruvien, n’était toujours pas repris vendredi, dans le contexte des protestations, tandis que l’aéroport de Cusco a repris ses activités.

La suspension des trains à destination du Machu Picchu a bloqué au moins 300 touristes étrangers et locaux dans la ville d’Aguas Calientes, qui se trouve au pied de la montagne où se dresse la célèbre cité inca. Les touristes demandent aux autorités locales un « train humanitaire » pour les évacuer du site.

Manifestation pacifique

Lima, où la contestation s’est étendue avec des marches jeudi, avec des milliers de personnes venues des zones andines, n’a pas échappé aux affrontements, qui ont fait 38 blessés parmi les policiers et les civils, selon le ministère de l’Intérieur.

La médiatrice péruvienne, Eliana Revollar, a souligné vendredi que la mobilisation massive à Lima n’a pas eu « un coût social » de morts, malgré le fait qu’il y ait eu deux décès dans d’autres parties du pays. Faisant le bilan de la marche connue sous le nom de « prise de Lima », Mme Revollar a déclaré qu’il s’agissait d’une « journée calme », bien qu’il y ait eu « des blessés et des arrestations ». « Dans la capitale, la journée s’est déroulée dans les marges, hormis l’incendie » survenu dans un hôtel particulier du centre historique, classé au patrimoine mondial de l’humanité, a-t-il noté.

Pour M. Revollar, la « manifestation pacifique » de jeudi à Lima a été remarquable, et il a ajouté que « les groupes violents » qui ont attaqué la police nationale dans certains quartiers de la ville doivent être remis aux autorités.

La lutte se poursuivra dans toutes les régions jusqu’à ce que la démission de Boluarte et les autres points à l’ordre du jour, tels que les élections de cette année et le référendum pour la Constituante (Assemblée), soient réalisés.

Jeudi soir, M. Boluarte a de nouveau appelé au calme, dans un message diffusé par la télévision d’État. « Aux sœurs et aux frères qui veulent travailler dans la paix, qui veulent apporter des revenus dans leurs foyers pour soutenir leurs familles, je dis, et aussi à ceux qui génèrent ces actes de protestation, à ceux qui sont passés des provinces à la capitale, je ne me lasserai pas de les appeler au bon dialogue », a-t-il déclaré.

Mais ses paroles tombent dans l’oreille d’un sourd. « Ce gouvernement ne nous représente pas, il est illégitime pour le peuple aymara », a déclaré à l’AFP Ricardo Mamani, 47 ans, qui a participé aux marches à Lima.

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