Haïti : un changement radical et en profondeur s’impose dans le secteur bancaire

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L’ IHSI vient de publier les Comptes Économiques de 2022. Sans surprise, Haïti en mode d’une Économie détruite par la Guerre et les banques commerciales des survivantes atypiques.

par Dr Eddy Labossière

Mercredi 4 janvier 2023 ((rezonodwes.com))–

D’entrée de jeu l’Institut Haïtien des Statistiques et de l’informatique (IHSI) informe que l’Économie Haïtienne en 2022 a affiché pour la quatrième fois consécutive une croissance négative de son Produit Intérieur Brut( PIB).

En effet, le PIB a enregistré en 2022 une chute de 1,7%, accusant ainsi une contraction en moyenne annuelle d’environ 2,1% sur les quatre dernières années. Mise de côté la dimension structurelle, la chute de 1,7% est due en grande partie à la détérioration accélérée de la situation d’insécurité, en particulier les crimes, les assassinats et le kidnapping commis par les gangs, de la crise du carburant et du climat politique délétère en général.

Ces goulots d’étranglement ont porté un coup fatal à la progression des trois secteurs de l’économie, ainsi les secteurs primaires, secondaires et tertiaires ont respectivement régressé de 4,2%, 0,2% et 1,6% en termes de valeur ajoutée en 2022.

En tout état de cause retenons que dans ce bilan de l’économie Haïtienne pour 2022,l’évolution des 3 secteurs de l’Économie en terme de contribution au PIB continue à changer tout en consacrant de plus en plus la disparition du secteur agricole :

a- Contribution du secteur Primaire n’est que de 18% du PIB contre 25% il y a 10 ans
b- L’apport du secteur secondaire est de 25%
c- Celle du secteur tertiaire de 57%.

Le Gouvernement actuel n’est pas intéressé à la production agricole, les investissements publics en agriculture dans le Budget National 2021-2022 sont quasi-nuls. Des facteurs structurels et Conjoncturels sont à l’origine de la contre-performance du secteur agricole.

On notera que dans le secteur tertiaire, la branche la plus performante est celle des banques.

En effet, les banques affichent une progression de plus de 4% en termes de valeur ajoutée, pendant qu’elles ne font pas leur travail, en abandonnant leur mission d’intermédiation financière qui consiste à donner du crédit au secteur réel de l’économie.

Elles sont plus intéressées dans une activité tres juteuse celle qui consiste à acheter et à vendre des devises et qui contribue très largement au Profit bancaire sans risque.

Conclusion. Un secteur agricole qui est en train de disparaître en dépit de la vocation agricole du pays, permet de comprendre une statistique de la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) qui précise que plus de 60% des Haïtiens vivent en situation de pauvreté, d’extrême pauvreté et d’urgence alimentaire.

Pendant que l’Économie Haïtienne s’effondre avec une production Nationale en chute libre depuis plus de cinq années, le secteur bancaire affiche une rentabilité et une profitabilité très élevées avec une forte dose de spéculation sur le change, dans un secteur qui échappe à une régulation normale.

Quel paradoxe? Si Haïti veut avoir une économie performante au service des 12,9 millions d’Haïtiens, il va falloir corriger ces anomalies, un changement radical et en profondeur s’impose.

Le système bancaire doit pouvoir financer le secteur réel de l’Économie avec 50% des dépôts bancaires donnés sous forme de crédits à l’Économie et faire du secteur agricole une priorité.

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