Sanctions internationales contre les dealers Haïtiens métamorphosés en leaders politiques : Partialité d’une justice partielle !

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1960

« Tout dealer doit être sanctionné par le gel de ses comptes bancaires, la saisie et le rapatriement de ses richesses mal acquises, puis par le verdict de la prison. Puisque l’individu lambda qui leurre d’être un leader est plutôt un dealer qui dilapide des fonds publics, la logique voudrait alors que cet individu soit dépouillé de ses fortunes construites dans la déloyauté avant qu’il subisse le sort de la prison ». La loi est une pour tous.

Depuis la convergence des pratiques humaines vers des comportements rationnels nourris par les dynamiques cognitives – réflexions académiques, échanges culturels, arbitrages et stratégies efficaces – les argumentaires logiques ont constitué les boussoles des érudits au service des institutions régaliennes afin de mieux orienter les décisions nationales et transnationales. La longévité sinon la survie des empires, de la royauté et de la papauté émanait de la sagesse des conseillers experts qui savaient prendre des longueurs d’avance en vue de remporter de nombreuses victoires, résoudre des conflits, affronter des pénuries et apprivoiser les caprices du cosmos. Le capital humain a toujours été l’asset le plus décisif des sociétés.

Afin de garantir l’harmonie des coopérations et surtout accoucher des décisions dans la justesse, il fallait en permanence développer des capacités cartésiennes pour que la lumière triomphe sur les ténèbres. C’est en vertu de telles acquisitions discursives incarnées chez le sage roi Salomon que l’humanité a savouré l’exquisité du jugement référentiel de percer le mystère de la vérité à travers les intuitions et les émotions des parties en dispute. « La vraie mère est celle qui transcende les cœurs par son amour incommensurable ». Dans certaines procédures judiciaires, afin d’identifier les coupables et les innocents d’un conflit, il faut plus que des pièces à conviction. D’où l’importance de la maïeutique dans les hémicycles discursifs qui font de la dialectique leur arme de prédilection.

Tant d’erreurs irréversibles auraient été évitées si la basoche se dotait en tout temps et en tous lieux de toges indéfectibles aux causes de la justice. Par ces temps de richesse facile qui croit ridiculiser la probité, l’humanité n’a jamais été autant assoiffée de voir émerger des esprits critiques et intègres aptes à affronter les « êtres petits » entêtés à incarcérer la victime pour plutôt libérer le bourreau en contrepartie de retours illicites. L’argent, le nœud de la démence de la raison.

Tout quidam observe une velléité des sorciers de l’international à engager une chasse aux sorcières d’Haïti. Sanctions économiques, biens confisqués, révocation de visas ; les mesures fissurent des anciens officiels corrompus comme par un effet sismique de haute magnitude. Cela semble de bonne guerre, les lignes ont bougé avec fracas. Même si ce n’était le premier objectif de l’international, Haïti vit un moment de déclic politique qu’elle peut convertir à son profit.  En périphérie, l’Occident donne l’impression qu’il prend la résolution de changer son fusil d’épaule pour signifier que cette crise haïtienne aiguë engendrée par l’avidité économique et politique ne peut plus continuer. Mais, en profondeur, ne faudrait-il pas questionner les incitations et la sincérité de telles mesures qui viennent d’ailleurs trop tard dans un monde trop vieux ?

Dans un contexte de confusion totale, quelles sont les intérêts des USA et surtout du Canada – candidat au leadership d’une éventuelle mission d’évasion militaire en Haïti – à poser la patte sur des bandits à cravate avec lesquels ils étaient récemment en odeur de sainteté ? Les sanctions dictées par les USA à son fidèle cousin de l’Amérique du Nord profitent-elles à la république d’Haïti ou à d’autres clans internes et externes qui cherchent à s’ériger en nouveaux maîtres du jeu ? Des analyses poussées s’avèrent cruciales pour en déceler les motifs et surtout pour contribuer à tirer le drap du côté d’Haïti.

Très peu de confiance à cette communauté internationale

Le syllogisme a toujours été un puissant outil de la pensée critique qui guide les décisions judicieuses de la justice. Forme de raisonnement rigoureux constitué de trois propositions dont deux prémisses censées être vraies (la majeure et la mineure) puis une déduction, le syllogisme a été formellement exposé pour la première fois par le philosophe grec Aristote. Combinée avec la maïeutique (méthode attribuée à Socrate), cette technique d’argumentation a permis de faire jaillir des vérités que des adeptes du sophisme tendraient à étouffer pour le besoin de la cause affairiste.

Par les enjeux mercantilistes d’un système hyper-capitaliste qui entache les sphères géopolitiques d’une déraison effrénée, on serait tentés de s’interroger sur la conviction du syllogisme à tenir sa promesse objective d’être au chevet de l’excellence de l’âme. Ce questionnement serait per se erroné dans la mesure où l’on confondrait le syllogisme avec une version déviée qui serait soit le sophisme ou le paralogisme. Alors que le sophisme est un raisonnement fallacieux, mais à l’apparence logique, sciemment conçu pour induire en erreur ; le paralogisme est un raisonnement illogique étayé de manière involontaire. L’une ou l’autre de ces déviations de l’argumentation cause du tort au bon jugement.

L’objectif du syllogisme dressé au chapeau de ce texte consiste à démasquer les incitations voilées de cet Occident condescendant – omniscient, omnipotent et omniprésent – dans l’exploitation des ressources naturelles des pays appauvris. Puisqu’ils sont de fervents immoraux qui voudraient s’ériger en donneurs de leçon, sauf des esprits ingénus feraient soudainement confiance à ces génies du mal. À juste titre, le docteur Fils-Aimé ne cesse de dévoiler les plans macabres de ces faux-amis internationaux qui concoctent ce qu’il appelle une « architecture sociale » montée de toute pièce dans une chorégraphie préconçue qu’ils voudraient voir exécutée par des acteurs dépourvus du sens du service public.

En de tels contextes déséquilibrés où seule la dialectique peut faire échouer les velléités conspirationnistes, le silence d’une certaine intelligentsia lâche serait complice s’il continue à laisser faire la criminalité en toute facilité. À un certain stade, comme celui-ci, les esprits cultivés sont interpellés à se révolter pour sortir de leur léthargie catatonique. Puisse la conscience citoyenne s’éveiller et s’indigner afin que finissent ces scénarios de « diner de cons » qui indexe Haïti comme le dindon de la farce préparée par l’Occident prédateur. Les approches « prêt-à-porter » sont constamment vouées à l’échec. Seule l’autodétermination est la réponse au développement soutenable des sociétés. Il est définitivement temps que l’internationale cesse de s’ingérer dans la souveraineté haïtienne pour imposer des crapules aux postes clés de la cité avant de les évincer plus tard comme du papier hygiénique.

À travers ses récentes mesures de punir à raison d’anciens leaders/dealers politiques Haïtiens qui évoluaient à contre-courant des principes des Droits humains qui plaident pour la paix sociale, l’Occident aurait marqué un tournant décisif dans un prétendu divorce dans ses collusions avec des brigands qui le servaient dans la fidélité. Depuis plus de dix ans, des envoyés spéciaux – ancien président Américain, ambassadeurs Américains, Canadiens, Français, représentants de l’ONU et des coopérations multilatérales- défendaient à cor et à cri le cartel criminel PHTK.

Serait-ce vraiment aujourd’hui que les moyens de traçabilité des transactions louches sont à la disposition de ces gouvernements étrangers pour découvrir soudainement les multiples rackets de ces contrebandiers politiques et économiques ? Assiste-t-on à un scenario à la Frankenstein où le monstre a échappé à son concepteur ? En tout état de cause, qu’il soit par incompétence ou par complicité de l’internationale, il y a des dérives qui sont inexcusables. Un carton rouge mérite d’être brandi à cette suprême communauté qui contrôle dans la médiocrité les compartiments du jeu dont elle se réclame être l’arbitre. Haïti doit être prise en main par une élite politique probe.

Des sanctions trop tard dans un monde trop vieux.

Par des techniques de traçabilité auxquelles elle a accès, la communauté internationale était en mesure de bloquer de multiples dérives à leur stade embryonnaire. De ces conditions d’extrême précarité et d’insécurité engendrées par le banditisme officialisé avec la bénédiction de l’international, l’image du pays a été complètement salie. Tous les indicateurs sont au rouge vif ; l’école ne fonctionne pas ou fonctionne au rabais ; les services de base sont inexistants ; de nombreuses vies ont été gaspillées, des cerveaux et des capitaux ont fui en masse vers l’étranger. Haïti est à deux doigts d’exhaler son dernier souffle.

Pourquoi alors attendre que les malfrats politiques et économiques violent, tuent, pillent encore et encore avant de les en dissuader. À qui profite le crime ? Dans une interview attrape-nigaud, le vieux briscard politique bon pour la poubelle, Joseph Lambert, a avoué sur les ondes de la Caraïbe FM qu’il a été un pion sinon un croupion au service de cette communauté internationale depuis 25 ans. Tel est pris qui croyait prendre, pour des raisons inavouables et inavouées, la communauté internationale a baisé l’ex-sénateur du Sud-Est à la Judas Iscariote. L’histoire politique haïtienne aura le souvenir d’un délicat cas. 

Parlant de complicité internationale dans la putréfaction sociétale d’Haïti, le cas Martelly est inédit. Ancien prisonnier et délinquant financier aux USA, Michel Martelly avait l’audace de se porter candidat à des élections présidentielles auxquelles il n’était même pas éligible. Car le cannabis personnifié ne devait sous aucune forme trôner à la première magistrature d’une nation pour être côtoyé par des homologues qui sont conscients de l’honorabilité du titre de président.

Michel Martelly a avoué qu’il détournait aux États-Unis des camions de marchandises afin d’obéir à ses désirs incontrôlés de sniffer. Alors qu’il se plaçait au 5e rang du premier tour des élections – synonyme d’élimination à un second tour – Michaël allait être imposé par l’ingérence internationale à courir au second tour face à une Mirlande Manigat prise dans le piège d’Edmond Mullet. Au final, la série de trucage électoral allait se solder par l’intronisation d’un bandit légal à la présidence de la république historique.

En des suites de scandales les uns plus salissants que les autres, pendant tout un quinquennat de malversations, la barque nationale allait être menée dans la dérision. Tantôt l’OEA ou l’ONU devaient interférer pour justifier l’injustifiable ; tantôt le sale boulot revenait à l’ambassade américaine qui s’érige en avocat pour défendre leur poulain qui nageait dans des mensonges effrontés pour défier les institutions de vigie.

N’est-ce-pas sous le règne de Laurent Lamothe qu’Haïti a atteint le niveau paroxysmique de la concussion au sein du trésor public ? Tant dans sa fréquence que dans son volume, la dilapidation y a atteint son pic. Le bandit principal du gaspillage des fonds du Petrocaribe, meilleur ancien premier ministre du PHTK, lançait des centaines de projets en des délits et des conflits d’intérêts patents. Une kyrielle de firmes bidons étaient liées avec Lamothe et ses alliés. De telles sociétés écran allaient vite prendre naissance en des raccourcis afin de signer des contrats juteux qu’elles n’ont jamais livrées. Par la suite, elles ne languissaient pas à disparaître du système des sociétés anonymes du ministère du commerce ou de la DGI.

Construction d’aéroports, ports, marchés publics, viaducs, stades, routes, écoles, hôpitaux ; ces imposteurs ont ridiculisé Haïti sur toute la ligne. Aujourd’hui, le vrai débat doit surtout porter sur la restitution de toutes ces fortunes que ces criminels financiers ont transportées vers des paradis fiscaux. C’est ainsi qu’Haïti pourrait témoigner reconnaissance envers les mesures du Canada et des États-Unis qui sanctionnent les dilapidateurs.

C’est depuis environ trois décennies que Youri Latortue a été actif dans les couloirs de la politique sale au pays avec son nom associé à des pots de vin, commissions indues, crimes financiers et crimes de sang. Gary Bodeau, député superpuissant viscéralement attaché à l’idéologie criminelle du PHTK, « coupait et rachait » au Parlement et au sein de nombreuses institutions récipiendaires des fonds publics et des coopérations internationales. Dans un premier temps, c’était chez Henry Céant que les linges sales de la famille PHTK se lavait avant que le notable notaire de la capitale devienne un gros acteur politique au service de cette famille qui allait le limoger en raison de conflits internes au sein du cartel.

Combien de fois des doutes ont été soulevés sur la provenance des fonds de l’ancien sénateur du Sud, Hervé Foucand, qui sillonne Haïti par les airs on ne sait pour quels résultats concrets ? Lors de certaines débâcles à l’institution bicamérale, les députés et les sénateurs s’accusent et s’entretuent en mettant leurs propres secrets mafieux dans la rue. Le nom d’Hervé Foucand apparaît comme un puissant patron qui a mainmise sur des institutions publiques clés qui génèrent des fonds au pays. D’autres scandales de drogues et de ventes de postes diplomatiques ont été également révélé au grand jour. Les ambassades américaine et canadienne n’en étaient pas au courant ?

Soudainement, pendant qu’il est parachuté sénateur, on ne sait par quelle baguette magique, Rony Célestin est détenteur de nombreuses entreprises nationales, de compagnie et de villa même au Canada qui coûtent des millions de dollars. De surcroît, des directeurs/directrices généraux et sénateurs affiliés au cartel PHTK ont été impliqués dans la flagrance dans des crimes de lèse-patrie, des kidnappings, des massacres, voire un magnicide. De nombreux mouvements de fonds de ces dilapidateurs sont retraçables dans le système bancaire mafieux d’ici et d’ailleurs. Au cours de toute une décennie, les institutions de vigie du Canada et des États-Unis n’y voyaient que dalle ? Bizarre !

Où étaient passées les institutions de veille au service de la communauté internationale comme la DEA, le GAFI, la CIA, l’Interpol et un ensemble d’entités de l’ONU dotés de la mission de combattre les pratiques illicites ? Attendait-on que les dilapidateurs amassent de plus fortes sommes avant de prendre la fameuse mesure de les confisquer à l’étranger sans envisager à les retourner à l’origine ? Si tel est le cas, c’est à la Saint-Glinglin que les conventions internationales qui envisagent de développer des mécanismes de lutte contre l’économie criminelle atteindront leur objectif.

Sanctions deux poids deux mesures

Qu’en est-il des complices de la diplomatie internationale ? Les mauvais blancs qui pilotaient les coopérations bilatérales et multilatérales seraient-ils plus blancs que la neige alors que les faits ont prouvé qu’ils soutenaient un régime politique cleptomane en dehors des principes d’objectivité. Une pléiade de plénipotentiaires fredonneraient quel ami fidèle et tendre ils auraient en Martelly. Ils marchaient bras dessus bras dessous, main dans la main, bracelet rose et blanc au poignet pour signifier leur amitié indéfectible au clan PHTK. Va-t-on leur pardonner car ils ne savaient-ils pas ce qu’ils font ? Ce serait une impunité de trop.

Des sanctions contre Martelly et alliés ne devraient-elles pas impliquer des investigations approfondies sur sa connivence avec la famille Clinton, Kenneth Merten, Pamela White, Helen Lalime, Michele Sison et consort ? Doit-on attendre jusqu’à l’éternité de voir les démarches de justice mobiliser contre tous les potentiels bandits d’ici et d’ailleurs ? Qu’en est-il du Premier ministre actuel, désigné par Martelly, deux amis proches alors ? Des enquêtes évoquent la suspicion du neurochirurgien dans l’assassinat du président Jovenel Moïse qui n’était plus en odeur de sainteté avec Martelly et son clan. Ariel Henry, est-il blanchi ou est-il utilisé pour une mission voilée de l’Occident ? Pourtant, la femme de César ne devait même pas être soupçonnée. Haïti est-elle dénudée de citoyens au crédit moral adéquat pour que ce soit jusqu’à date un « jobber » inculpé de crime de haute trahison qui n’y fout rien mais qui demeure à sa Primature depuis plus d’un an ?  Le bon sens en est atterré.

Puisqu’il se révèle que ces bandits à cravates dilapidaient les caisses de l’État, faisaient des deals de cocaïne et finançaient des gangs qui bloquent les artères du pays, une décision de les mettre hors d’état de nuire est tout à fait élogieuse. Cependant, les démarches de sanctions internationales engagées par le trident opulent de l’Occident seraient dénuées de sens quand la dialectique discerne i) qu’elles participent clairement d’une politique deux poids deux mesures ; ii) qu’elles censurent les forfaitaires à demi-mesure pendant que cela fait leurs mauvaises affaires.

La Convention des Nations unies contre la corruption (CNUCC, 2003) invite à adopter le principe du recouvrement des avoirs selon lequel les biens confisqués en terre étrangère doivent être retournés suivant des mécanismes politiques et financiers à leurs pays d’origine. Pourtant, sans penser au rapatriement de ces ressources vers Haïti, le Canada et les USA racontent que des biens et de l’argent dérobés en Haïti par un ensemble de contrebandiers politiques y ont été confisqués. Cela donne l’odeur de la même histoire itérative de l’hémorragie des ressources des pays du Sud au profit des pays du Nord.

En 1986, Jean-Claude Duvalier a été contraint à l’exil. Baby doc avait escroqué plusieurs centaines de millions de dollars du trésor public haïtien dont une bonne partie a été déposée en Suisse. Pourtant, la Suisse – pays modèle en termes de lutte contre la corruption qui a adopté la loi sur la restitution des avoirs illicites depuis février 2011 – n’a jusqu’à date restitué à Haïti les avoirs dilapidés par l’ancien dictateur haïtien.

Encore plus près de nous, le cas ahurissant de l’ex-président Jean Bertrand Aristide à deux reprises détrôné de force. Le leader charismatique de Fanmi Lavalas a été suspect d’être détenteur d’une énorme fortune proche d’un milliard de dollars qu’il aurait escroquée du trésor public haïtien. Les sophistes et fanatiques aveugles de cette autre « fanmi politik » truffée de narcotrafiquants auraient évoqué une thèse de « bestseller » du livre blanc « Investir dans l’humain » qui rapporte des magots à l’écrivain « polyglotte ». Maurice Sixto aurait exclamé : « Alagamez » !

À la suite d’investigations sur le blanchiment de ses avoirs douteux, des décisions auraient été prises pour limiter les actions et transactions du leader charismatique du parti Lavalas. Par contre, il n’y a aucune transparence sur le montant des fonds d’Haïti que l’ancien prêtre excommunié aurait transférés en Europe et en Amérique. Les lobbyistes et avocats internationaux y perçoivent une source intarissable pour s’enrichir. Contrairement au vœu des organismes de lutte contre le blanchiment de l’argent, aucune discussion n’est engagée sur le recouvrement de tels fonds.

Quelle est alors l’efficacité des mesures de l’initiative StAR (Stolen Asset Recovery Initiative) prises par la Banque mondiale et celles de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) qui visent à appuyer la mise en œuvre des instruments internationaux pour restituer les ressources escamotées à leurs pays d’origine ? Le GAFI et bien d’autres accords et principes internationaux sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et la criminalité organisée abordent également la question de la restitution des produits de la corruption. À ce stade de plaidoirie vers une conscience internationale pour restituer des fonds dilapidés et réparer les anciennes colonies, quelles suites ont été accordées aux exactions contre la première république noire du monde ?

À la lumière des références internationales, cette justice à moitié de sanctions contre les dealers politiques est insuffisante pour dissuader les collusions entre des boucaniers locaux et des flibustiers internationaux. Qu’en est-il des armes lourdes proliférées au pays qui sont majoritairement en provenance des États-Unis ? Va-t-on continuer de regarder les diplomates corrompus et les « grands blancs » de la chaîne de la criminalité transnationale au blanc des yeux ? Monsieur Blinken, madame Joly, pour que votre initiative de sanctions aux gangs soit effectivement jolie, elle doit être intégrale en ce sens qu’elle doit traquer tous les dealers – internes et externes – sans exception aucune.

La restitution, preuve de la sincérité des sanctions

Toute initiative de sanctions internationales impartiales devrait se solder par la récupération des milliards de dollars dilapidés en Haïti et qui ont servi à accroître les dépôts des institutions financières internationales. Ces fonds détournés participent à la construction de villas et de châteaux au Canada, aux États-Unis, en République dominicaine, etc. Si les censures sont réellement imprégnées de justice, les capitaux fuyant vers une certaine destination pour être blanchis devrait retourner à sa source. Ces derniers jours, le verbe sanctionner détiendrait la palme dans les colonnes des journaux locaux et internationaux. Il manque pourtant un verbe corolaire : restituer.

Traquer les animaux détraqués pour les mettre en cage est une initiative louable. De cette démarche internationale qui ne visait pas nécessairement de l’intérêt d’Haïti, de l’eau a été mise au moulin des Petrochallengers pour réactiver les mouvements tectoniques devant aboutir au procès du Petrocaribe. Les citoyens Haïtiens avisés doivent en profiter pour demander des comptes sur la gestion des fonds de la reconstruction post-sismique de la CIRH galvaudés par la famille Clinton.  

Ce timing de montage de liste des bandits politiques est une occasion favorable pour réclamer justice, réparation et restitution pour tous les torts séculaires dont la première république noire est l’objet. La rançon de la dette de l’indépendance estimée à plus de 28 milliards de dollars, le pillage des ressources rares du pays, les tonnes d’or dérobés par les USA et la signature de contrats miniers paraphée insidieusement sont autant de sujets à soulever au sein des hautes cours de justice pour rétablir l’équilibre vers le codéveloppement et l’atteinte des objectifs de développement durable (ODM). 

Ce n’est que vers la fin de 2022 que le Canada et les USA entreprennent de mettre à jour les manèges criminels des brasseurs politiques Haïtiens. C’est aujourd’hui que le Canada et les États-Unis le jugent nécessaire de stopper ces êtres maléfiques dans leurs pratiques souterraines qui hypothèquent la paix et la vie d’environ 12 millions d’Haïtiens. Ces décisions arrivent de manière tardive certes. Cependant, mieux vaut tard que jamais.

Il revient aux couches sociales crédibles de s’immiscer dans cette importante discussion pour que les sanctions touchent tous les fautifs et que s’engage la restitution de tous les fonds confisqués vers la caisse de la République d’Haïti. Entre-temps, la sphère politique interne badigeonnée pendant des décennies par une médiocratie suffocante mérite d’être assainie. Quand la politique veut, la coopération s’ajuste. Femmes et hommes dignes descendants de Toussaint et de Dessalines, engagez-vous, indignez-vous !

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

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