Il faut agir ensemble, maintenant, pour éviter une catastrophe alimentaire, avertit le chef de l’ONU

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Sans une action coordonnée, les difficultés d’accès aux denrées alimentaires et aux engrais rencontrées cette année menacent de se transformer en une terrible pénurie alimentaire mondiale en 2023, a déclaré le chef de l’ONU lors du Sommet du G20 en Indonésie mardi.

Mercredi 16 novembre 2022 ((rezonodwes.com))–

Le monde est sur la voie d’une « catastrophe alimentaire généralisée », a prévenu le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans un discours devant les dirigeants des principales puissances économiques réunis à Bali.

« Simultanément, nous assistons à un effondrement du marché mondial des engrais », a-t-il poursuivi, tout en mettant en avant, une fois de plus, l’Initiative céréalière de la mer Noire qui permet d’exporter des denrées alimentaires vitales d’Ukraine et des engrais de Russie.

Crise alimentaire et énergétique

S’exprimant lors de la session spéciale sur la crise alimentaire et énergétique, M. Guterres a rendu hommage à l’Union européenne, aux États-Unis, au Royaume-Uni et à d’autres pays pour leur coopération fructueuse avec les Nations Unies en vue de lever les nombreux obstacles qui empêchent la libre circulation des denrées alimentaires et des engrais russes vers les marchés mondiaux.

Il a informé les participants que la première cargaison d’engrais russes – donnés par Uralkem et gérés par le Programme alimentaire mondial (PAM) – sera chargée aux Pays-Bas mardi.   

« Les denrées alimentaires et les engrais ne sont pas soumis aux sanctions, mais subissent des impacts indirects », a expliqué le chef de l’ONU. « Nous travaillons sans relâche pour résoudre toutes les questions en suspens, principalement en ce qui concerne les paiements, et pour renouveler l’Initiative céréalière de la mer Noire ».

« Je compte sur vous tous pour soutenir ces efforts », a-t-il insisté

Au Kenya, un certain nombre de cueilleurs de thé se tournent vers d'autres cultures, le changement climatique menaçant les plantations de thé du pays.

CIAT/NeilPalmer Au Kenya, un certain nombre de cueilleurs de thé se tournent vers d’autres cultures, le changement climatique menaçant les plantations de thé du pays.

Accroître les financements

De nombreux gouvernements de pays du Sud, frappés par la pandémie de Covid-19, l’inégalité des ressources pour la relance et la crise climatique, manquent de moyens pour aider leurs populations à faire face à la hausse des prix des denrées alimentaires et des engrais, qui a été accélérée par la guerre en Ukraine, a déclaré António Guterres.

Il a rappelé que son appel en faveur d’un plan de relance pour les objectifs de développement durable (ODD) vise à fournir à ces pays des liquidités adéquates en réaffectant des réserves de change supplémentaires, appelées droits de tirage spéciaux, des financements sous certaines conditions aux pays à revenu intermédiaire en difficulté et des mécanismes efficaces d’allégement et de restructuration de la dette.

« Les investissements transformateurs au service de l’agriculture, en particulier en Afrique, sont essentiels pour prévenir les crises futures », a-t-il affirmé. « Mais ils ont besoin de ressources, pour être mis en œuvre ».

Problèmes environnementaux

La crise climatique est un autre facteur qui pousse les gens vers la famine, a indiqué le chef de l’ONU. « Les changements de tendances climatiques, les sécheresses et les tempêtes perturbent les cycles de culture et la pêche », a-t-il déclaré au G20, soulignant que « 80% des émissions mondiales (de gaz à effet de serre) se trouvent autour de cette table ».

M. Guterres a fait valoir qu’un pacte de solidarité climatique entre les pays développés et les grandes économies émergentes est le seul moyen de vaincre le changement climatique.

« Les pays développés doivent prendre l’initiative de réduire les émissions », a-t-il affirmé. « Ils doivent également se mobiliser, avec les institutions financières internationales et les entreprises technologiques, pour apporter un soutien financier et technique afin que les grandes économies émergentes puissent accélérer leur transition vers les énergies renouvelables ».

Les partenariats pour une transition énergétique équitable constituent une première étape importante à cette fin.

Dans un quartier défavorisé de la banlieue de Colombo, certains parents sri-lankais sautent fréquemment des repas pour faire face à l'augmentation du coût de la nourriture et de la vie.

© PAM/Josh Estey Dans un quartier défavorisé de la banlieue de Colombo, certains parents sri-lankais sautent fréquemment des repas pour faire face à l’augmentation du coût de la nourriture et de la vie.

Éviter la course à l’énergie

Étant donné que de nombreux pays en développement ne peuvent pas se permettre des prix de l’énergie qui flambent, le chef de l’ONU a mis en garde contre une « course à l’énergie » dans laquelle les pays en développement « sont les plus mal lotis », comme ce fut le cas dans la compétition pour les vaccins contre la COVID-19.

En outre, continuer sur la voie de l’extraction des combustibles fossiles n’est pas une solution. 

« Si, au cours des deux dernières décennies, le monde avait massivement investi dans les énergies renouvelables, plutôt que dans sa dépendance aux combustibles fossiles, nous ne serions pas confrontés à la crise actuelle », a-t-il déclaré.

Enfin, le Secrétaire général de l’ONU a plaidé pour « l’unité, la solidarité et les solutions multilatérales » pour faire face aux crises alimentaire et énergétique, et pour « éliminer le manque de confiance » qui mine l’action mondiale dans son ensemble.  

« Les solutions multilatérales ne peuvent être construites que sur l’équité et la justice », a-t-il déclaré. « J’exhorte les pays du G20 à tenir compte de ces principes fondamentaux dans leurs décisions ».

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