Autopsie : Comment la médecine légale française qualifiera-t-elle le décès de l’artiste Michael Benjamin ?

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Le chanteur Mikaben a été victime d’un malaise sur scène à Paris samedi soir . Quelques jours après la mort subite du chanteur vedette Michael Benjamin, connu sous le nom d’artiste Mikaben, la communauté haïtienne est toujours ébranlée. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui continuent d’exprimer leur chagrin. Des questions restent encore dans réponses.

La chaîne américaine de divertissement BET, rapportant le tragique événement, a informé que la  cause de ce décès reste indéterminée pour l’instant.

Mais comment la Médecine légale française qualifiera-t-elle le décès du chanteur Mikaben en France ?

La Médecine Légale en France distingue  5 types de mort :

1-La mort suspecte : 

Article 74 Modifié par LOI n°2009-526 du 12 mai 2009 – art. 127

En cas de découverte d’un cadavre, qu’il s’agisse ou non d’une mort violente, mais si la cause en est inconnue ou suspecte, l’Officier de Police Judiciaire qui en est avisé informe immédiatement le Procureur de la République, se transporte sans délai sur les lieux et procède aux premières constatations.

Le procureur de la République se rend sur place s’il le juge nécessaire et se fait assister par des personnes capables d’apprécier la nature des circonstances du décès. Il peut, toutefois, déléguer aux mêmes fins, un officier de police judiciaire de son choix.

Sauf si elles sont inscrites sur une des listes prévues à l’article 157, les personnes ainsi appelées prêtent, par écrit, serment d’apporter leur concours à la justice en leur honneur et en leur conscience.

Sur instructions du procureur de la République, une enquête aux fins de recherche des causes de la mort est ouverte. Dans ce cadre et à ces fins, il peut être procédé aux actes prévus par les articles 56 à 62, dans les conditions prévues par ces dispositions. A l’issue d’un délai de huit jours à compter des instructions de ce magistrat, ces investigations peuvent se poursuivre dans le cadre de l’enquête préliminaire.

Le Procureur de la République peut aussi requérir une information pour recherche des causes de la mort.

Les dispositions des quatre premiers alinéas sont également applicables en cas de découverte d’une personne grièvement blessée lorsque la cause de ses blessures est inconnue ou suspecte.

On parle de « mort suspecte » lorsqu’il y a possibilité d’intervention d’un tiers et, par conséquent, lorsque la mort peut relever d’une infraction. Dès lors que la mort est considérée comme suspecte, le médecin légiste formulera un obstacle médico-légal lors de la rédaction du certificat de décès, ce qui aura pour effet un obstacle à l’inhumation.

En référence à l’article 74 du code de procédure pénal, le Procureur de la République est en mesure de demander des investigations médico-légales afin d’éclaircir les circonstances de la mort (examens externe, analyses toxicologiques, autopsies etc.)

2- La mort subite : 

On considère que la mort est subite lorsqu’elle survient de façon inopinée et qu’elle touche un sujet en bonne santé apparent et qu’elle est d’origine naturelle.

La principale cause de mort subite concerne les pathologies cardiaques.

L’arrêt cardiaque provoque aujourd’hui près de 50 000 décès prématurés par an en France, soit environ 130 par jour. Cela représente dix fois plus de victimes que les accidents de la route ! Dans le cas de mort subite on distingue deux cas de figure :

  • Les personnes de plus de 35 ans dont la mort cardiaque résulte le plus souvent (75% des cas) d’une athérosclérose des artères coronaires.
  • Les personnes de moins de 35 ans dont la mort cardiaque résulte le plus souvent d’une cardiomyopathie d’origine génétique (mort engendrée par arythmie ventriculaire).

Qu’est-ce qu’une athérosclérose ?

Les artères irrigant le muscle cardiaque (myocarde), appelées également artères coronaires (du latin coronarius qui signifie couronne) peuvent se boucher et créer un infarctus du myocarde. L’athérosclérose résulte d’un dépôt de corps gras (essentiellement du cholestérol) au niveau des parois des artères coronaires générant une perte d’élasticité de ces vaisseaux. Ces amas de corps gras, appelés « plaques d’athérome » vont s’épaissir avec le temps, ce qui va entraîner une diminution de la lumière de l’artère (phénomène appelé sténose). Lorsque la plaque d’athérome va obstruer complètement l’artère, il n’y a plus d’irrigation sanguine du myocarde (il s’agit d’une thrombose). Les thromboses sont responsables d’ischémies aigues (interruption de l’afflux sanguin en aval de la thrombose) pouvant causer des troubles du rythme cardiaque, un infarctus du myocarde et le décès de la personne.

Athérosclérose

3- La mort naturelle : 

La mort est dite naturelle quand elle résulte d’un état pathologique ou physiologique connu ou non. La mort est naturelle uniquement si la mort violente (violence physique ou intoxication aigue) peut être écartée.

Contrairement aux idées reçues, la mort naturelle peut avoir des implications judiciaires importantes et donc potentiellement intéresser l’autorité judiciaire et le médecin légiste. En effet, la mort naturelle pourrait très bien être accompagnée d’une non assistance à personne en danger (Art. 223-6 du Code Pénal) ou survenir dans un contexte de faute médicale (Art 221-6 du Code Pénal). La mort naturelle peut également survenir après des actes de violences (coup, accident de la route etc.) et pourra être qualifiée en violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner (Art 222-7 de Code Pénal).

Dans un contexte médico-légal, la plupart des morts naturelles sont d’origine cardiaque et par conséquent intimement liées à la mort subite :

  • Athérosclérose des artères coronaires
  • Cardiomyopathies
  • Myocardites etc.

En dehors des causes cardiaques, le décès peut survenir par :

  • Rupture d’anévrisme
  • Embolie pulmonaire
  • Accident vasculaire cérébral (AVC)
  • Pneumopathie
  • Hémorragie digestive
  • Trouble métabolique du diabète
  • Cancers
4- La mort inexpliquée : 

Il arrive dans certains cas que la mort survienne contre toute attente et qu’aucun élément ne permette de l’expliquer lors de l’examen du corps. Le rôle du médecin légiste est, dans ce cas là, très compliqué puisqu’il doit établir si la mort est naturelle ou non. Afin de répondre avec certitude à cette question il doit déterminer la cause exacte de la mort.

Malgré la systématisation et le respect d’un protocole rigoureux lors des autopsies, il arrive que certaines morts subites restent encore inexpliquées. Lorsque la cause de la mort n’a pu être déterminée lors de l’examen médico-légal, on parle d’autopsie dite « blanche ». On suppose que ces morts subites seraient la conséquence de phénomènes réflexes ou de troubles du rythme cardiaque brusques et irréversibles. En effet, ces phénomènes médicaux ne laissent aucune trace anatomique décelable par les méthodes actuellement disponibles en médecine légale.

5- La mort violente :

La mort violente résulte d’une action violente exercée par un agent extérieur (physique ou toxique, une personne, une machine ou produit) dans des circonstances pouvant être criminelles, accidentelles ou suicidaires.

Lorsque l’on parle des causes de l’origine de la mort violente, on fait généralement référence à une blessure ou à une lésion.

En médecine légale, il existe toute une nomenclature pour désigner chaque type de blessures. On distingue par exemple les plaies des contusions par l’aspect de continuité de la peau ou de la surface d’un organe. L’hémorragie ou l’infiltration hémorragique (ecchymose ou hématome) constituent des processus communs à toutes les blessures survenues du vivant de la victime.

Source : https://www.police-scientifique.com/medecine-legale/differents-types-de-mort

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