Réouverture des classes : Ariel « en rit » ou en pleure ?

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Mercredi 28 septembre 2022 ((rezonodwes.com))– Dans ce contexte d’hyperinflation, d’insécurité multiple et d’un miséréré cynique qui exaspèrent la population, à la veille de d’une reprise des classes programmée manu militari, le premier ministre de facto fait face à l’alternative dichotomique « Do or Die ».

La réouverture des classes est teintée de vives tensions, de pressions et d’expressions fâcheuses pour les enfants et les parents. La panique artérielle est alimentée par des obstacles individuels du ménage que par un décor socioéconomique global dépeignant une catastrophe abyssale.

C’était déjà en des acrobaties périlleuses de toutes sortes que les familles les plus vulnérables – la majorité – apportaient des réponses anodines pour calmer les hostilités entre les petits et gros intestins. Pourtant, au maigre budget familial déjà très insuffisant pour assurer le pain quotidien va s’ajouter cette ligne insurmontable, les dépenses scolaires. Par quelle magie des familles économiquement démunies et socialement délaissées peuvent-elles alors satisfaire les contraintes académiques dans un système inique qui ne fait que les appauvrir ?

Alors que dans certains cas le paiement du loyer et les frais scolaires sont exigés en billets verts, les familles n’ont même pas accès aux dollars transférés généreusement par leurs proches de la diaspora. Elles reçoivent leurs transferts en gourdes puis encaissent d’énormes pertes en les convertissant en dollars sur un marché de change informel qui dicte ses lois en dehors des normes de la régulatrice dépravée de la rue Pavée.
Entre pharisiens de l’international et traîtres fils du bercail, tout se concocte pour anéantir les jeunes de cette terre d’histoire glorieuse. Beaucoup sont déjà partis au Chili, au Brésil, en République dominicaine, au Canada, ou au pays sans chapeau. Les rescapés vivotant encore au bercail ne sont recensés que grâce à leur résilience.

Un calvaire
D’une part, le parent doit honorer frais d’inscription, frais mensuels, matériels didactiques, nourriture, boîte à lunch, transport, chaussures et uniformes. D’autre part, élèves, étudiants et parents doivent défier les barricades dressées depuis des lustres par des gangs armés alimentés par des leaders politiques pervers pour valser entre leurs domiciles et les établissements scolaires.

En plus des débours indispensables qui excèdent leurs budgets, les demandeurs de la formation scolaires doivent encourir d’énormes risques pour traverser des artères piégées de la capitale, au quotidien. À un certain stade, on se demande si le jeu en vaut vraiment la chandelle. Car, rien ne vaut la vie.

Récemment, la Faculté des Sciences (FDS) de l’UEH a déjà jeté le tablier. Dans un raisonnement rationnel similaire, L’ENARTS en avait emboîté le pas. Il n’y a aucune rationalité à prendre des risques de former un ingénieur sur cinq ans alors que la probabilité qu’il soit tombé sous des balles assassines avant le terme de ses études s’accroît de jour en jour. Dure décision de la FDS, mais logique.

Le Conseil de la FDS a compris que la plume et le crayon peuvent triompher sur la manche longue uniquement quand la société fait de la dialectique son arme de bataille. Quand c’est le paradigme inverse de la dialectique des armes qui est en vogue, le livre n’a d’autre choix que de se fermer en attendant des conditions favorables pour se faire feuilleter. Au cours du règne du gouvernement d’Ariel Henri, l’ignorance a prouvé dans une honte ignoble sa victoire triomphale sur la science. L’exemple de la fermeture de la FDS à cause de la recrudescence de l’insécurité est éloquent.

Plus le temps avance, plus cela s’empire, sur tous les plans. Même le désastre de l’humiliation de la décapitation de nos policiers à Martissant sous l’administration de Léon Charles a été reproduit dans les hauteurs, à Tarase, au cours de l’administration de Frantz Elbé. Faut donc reconnaître que le ver est dans le fruit. Le point de départ du changement du décor social requiert qu’Haïti se débarrasse du PHTK.

La perfide communauté internationale en est bien consciente. C’est à dessein qu’elle fait l’arbitrage de maintenir la population en otage pendant qu’elle s’attèle à garder le vagabondage et le sauvage au pouvoir. Si vous pensez que c’est par erreur, détrompez-vous. En effet, le vide institutionnel couplé de l’intronisation de capitaines suspects de tous les crimes fait l’affaire des boucaniers et des flibustiers.

Le Core Group est pour cette primature en déconfiture un refuge et un appui, un secours qui ne manque jamais dans la détresse. D’où viendra le secours d’Ariel ? De l’étranger omnipotent qui détient la manette des crises pour contrôler les ressources de la terre. C’est seulement quand le peuple le voudra ardemment à une prise de conscience généralisée qu’il sortira sous ce joug d’une gouvernance atroce.

Le carburant : de l’huile sur le feu
Période cruciale de turbulences économiques et sociales intenses pour les régimes politiques en déconfiture, la réouverture des classes se vit toujours péniblement par les officiels incapables d’accomplir la noble mission de mobiliser les institutions publiques au profit du bien-être collectif.

Pire que ses prédécesseurs du même régime crapuleux, Ariel a complètement loupé la mission de pacifier le pays par la mobilisation des forces de l’ordre et des institutions multisectorielles qui doivent assurer la sécurité, la fluidité et la mobilité dans le système. Les bandits notoires lourdement armés, sans foi ni loi, autrefois à la solde des institutions officielles et aujourd’hui révoltés face à leurs traîtres maîtres, squattérisent la rue, les corridors, les bidonvilles, la Capitale, les provinces. Ariel en est impotent.

Cagoulés ou à visage découvert, les malfrats intimident les passants, ils dégainent en série et en parallèle, ils violent les filles, tuent les jeunes, kidnappent les commerçants et détournent des camions de marchandises. Sous l’effet de produits dopants vraisemblablement en provenance officielle douteuse, on déduit qu’aucun brin de conscience n’anime ces êtres transformés en des bêtes et des machines à exterminer et à exécuter des missions démoniaques. Eux aussi, ils ont femmes et enfants à envoyer à l’école ; donc leurs contraintes économiques et sociales vont également s’accroître. Sans des mesures intelligentes et drastiques, la jungle va être davantage ensanglantée.

La reprise des activités académiques se révèle déjà l’un des tests les plus ardus pour tout gouvernement. Quand celui-ci se caractérise par une myopie qui l’inhibe à discerner l’importance du timing et du dosage dans les décisions publiques, il ne fait que se tirer une balle à la tête. L’ultime décision de la hausse vertigineuse du prix du carburant sans des accompagnements sociaux pour permettre à la respiration de respirer, est la goutte d’eau qui fait renverser le vase de la stupidité gouvernementale.

Par cette insouciance pour une population souffrante qui peine à mettre un morceau de banane dans son assiette, Ariel Henri a signé son arrêt de mort. Il n’y a pas moyen pour ce gouvernement piloté par le neurochirurgien de survive au lendemain d’octobre 2022.

Carly Dollin, carlydollin@gmail.com

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