InSight Crime – « Le G9, dirigé par ‘Barbecue’, a bénéficié du soutien du PHTK sous Jovenel Moïse, et continue de l’être sous le gouvernement d’Ariel Henry »

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G9 (lié à PHTK) vs. GPEP (soutenu par des anciens opposants): Les deux alliances de gangs « bien connectés » qui détruisent Haïti.

Lundi 18 juillet 2022 ((rezonodwes.com))–Alors que la violence et les homicides montent en flèche dans tout Haïti, Cité Soleil, une banlieue de Port-au-Prince, est devenue le dernier champ de bataille de deux alliances de gangs bien armées et bien connectées.

Le 16 juillet, après des semaines de combats intenses qui ont fait plusieurs centaines de morts, les Nations unies ont voté à l’unanimité l’interdiction des ventes d’armes légères et de munitions à Haïti, bien qu’un embargo complet sur toutes les ventes d’armes ait été rejeté. Le Conseil de sécurité des Nations unies a demandé aux membres « d’interdire le transfert d’armes légères et de munitions à des acteurs non étatiques qui participent ou soutiennent la violence des gangs ».

La plupart des combats de gangs en Haïti sont dus à un conflit prolongé entre deux fédérations de gangs, le « G9 et la famille » (G9 an fanmi – G9), lié au Parti haïtien Tèt Kale (PHTK) au pouvoir, et son rival, le GPEP, largement soutenu par les opposants politiques du PHTK.

Si de vastes zones de la capitale ont été touchées, la commune méridionale de Cité Soleil, longtemps bastion du GPEP, a été l’un des principaux points chauds des récents combats. Ses habitants sont pris en otage par des fusillades incessantes depuis début juillet. Une publication de Médecins sans frontières a révélé que des milliers de personnes sont prises au piège de la violence, sans pouvoir quitter leur maison et sans accès à l’eau, à l’électricité, aux soins de santé ou à des toilettes en état de marche. Plus de 300 personnes auraient été tuées dans la seule ville de Cité Soleil, selon le média Le Nouvelliste, mais ce chiffre est susceptible d’augmenter.

« La commune n’a pas de policiers, pas de… tribunal. Il faut que l’État revienne, qu’on mette en place des projets pour donner des alternatives à ces jeunes qui s’entretuent « , a déclaré au Nouvelliste le maire de Cité Soleil, Joël Janéus.

Analyse de la criminalité par InSight

Il n’y a pas de réponse facile pour comprendre la violence des gangs en Haïti. Depuis l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse en juillet 2021, un pays déjà embourbé dans la crise a vu sa situation se détériorer davantage, avec une flambée des prix des denrées alimentaires et une aggravation de la pénurie de pétrole. Cependant, l’utilisation des gangs comme armes pour les factions politiques n’a pas été suffisamment rapportée.

Il existe depuis longtemps des liens profonds entre les gangs et les partis politiques en Haïti. Ces liens politiques ont fourni une protection aux gangs et leur ont permis d’accéder à des financements directement par le biais de « contrats » gouvernementaux, tandis qu’en retour, ils ont réprimé les mouvements d’opposition et maintenu l’ordre social dans les quartiers pauvres.

Au cours de l’année écoulée, les principales fédérations de gangs du pays ont consolidé leur rôle de dirigeants de facto dans les zones les plus pauvres, tout en augmentant les extorsions et les enlèvements pour accroître leurs revenus. Les partis politiques rivaux se sont empressés de tirer parti de ce contrôle à des fins électorales.

Le G9, dirigé par Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », a bénéficié du soutien du PHTK sous le président assassiné Jovenel Moïse, et continue de le faire sous le gouvernement intérimaire actuel d’Ariel Henry. En tant que fédération, il compte sur la division de ses rivaux pour devenir un allié indispensable au parti au pouvoir, quel qu’il soit. Cette stratégie a permis à Barbecue de couper les liens avec le PHTK en 2021, lorsque sa domination sur de grandes parties de Port-au-Prince lui a permis de contrôler un nombre important de bureaux de vote, notamment dans des zones comme Martissant et Delmas.

Cependant, le principal rival de Barbecue, Gabriel Jean Pierre, alias « Gabriel », a été très occupé. Le leader de la fédération rivale du GPEP a obtenu un certain soutien de l’opposition politique. Il a également gonflé les effectifs de sa fédération avec l’ajout de 400 Mawozo, un gang qui a apporté avec lui le contrôle de nombreuses zones cruciales autour de la capitale.

Ayant vu leur chef extradé aux États-Unis en mai 2022, et sous la pression des raids de la police, les 400 Mawozo semblent s’être tournés vers Gabriel à la recherche d’un nouveau leader fiable.

Cela a renforcé le contrôle du GPEP sur les bureaux de vote à Port-au-Prince, et a contribué à mettre sur un pied d’égalité le GPEP et le G9 en termes d’influence politique.

C’est cet accès à l’influence politique qui est si convoité dans cette guerre des gangs. Pierre Esperance, directeur du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), a déclaré au Nouvelliste que c’est la motivation première derrière la guerre des gangs dans la ville.  » Le département de l’Ouest représente plus de 40 % de l’électorat et lorsque les gangs gagnent du territoire dans la zone métropolitaine, ils sont sûrs de remporter les élections [des partis politiques] grâce à leur influence « , a-t-il déclaré.

Et c’est ainsi que le cycle se poursuit. Grâce au contrôle du territoire et au soutien politique adéquat, les gangs bénéficient de l’impunité nécessaire pour gagner de l’argent grâce aux enlèvements, aux extorsions et à l’autorité sur l’approvisionnement en carburant.

source: G9 vs. GPEP – The Two Gang Alliances Tearing Haiti Apart (insightcrime.org)

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