Haïti | Rép. Dom. : 2 agendas numériques, 2 institutions bancaires internationales, une seule île et une absence totale de coordination

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Mardi 21 juin 2022 ((rezonodwes.com))– En République Dominicaine, il porte officiellement le nom de « Agenda Digital 2030 » et est présenté dans un document de 130 pages.

Selon les mots du président dominicain Luis Abinader, « Agenda Digital 2030 » est une stratégie nationale de transformation numérique visant l’amélioration de la qualité de la vie de la population dominicaine et l’accroissement du niveau de productivité nationale.

C’est également une feuille de route pour accélérer la réactivation économique et sociale après la  pandémie du Covid-19 qui a affecté la République Dominicaine. Il contient 7 lignes d’action, 24 objectifs spécifiques, 116 lignes d’action et plus de 100 projets.

Les objectifs et les lignes d’action de l’Agenda numérique 2030 ont été approuvés dans le décret 527-21. Le conseiller juridique du pouvoir exécutif, Antoliano Peralta, a souligné qu’il pourrait être mis à jour annuellement et comprendra une liste d’indicateurs qui seront utilisés pour mesurer ses progrès et son impact à court, moyen et long terme. Ces évaluations correspondront aux années 2024, 2027 et 2030.

L’ordre du jour a été convenu par les secteurs public et privé, la société civile, les organisations internationales et les experts, ainsi que les entités universitaires, pour relever les défis technologiques et promouvoir l’inclusion sociale en réduisant la fracture numérique.

Étaient présents à l’activité la vice-présidente Raquel Peña ; les présidents du Sénat et de la Chambre des députés, Eduardo Estrella et Alfredo Pacheco, accompagnés du ministre administratif de la Présidence, José Ignacio Paliza ; le directeur général de l’Office gouvernemental des technologies de l’information et de la communication (OPTIC), Pedro Quezada, et le vice-ministre de la présidence, José Montilla.

Pour financer les projets de cet agenda 2030, la République Dominicaine compte sur le Fonds de Développement des Télécommunications ( FDT) et l’appui de deux institutions bancaires internationales : La Banque Inter-Américaine de De Développement (BID) et la Banque Mondiale.

Quant à l’agenda numérique de la République d’Haïti, il n’a  pas reçu formellement l’approbation d’un Parlement ,  n’a fait l’objet d’aucune discussion au niveau de la société civile haïtienne et n’a pas été sanctionné par aucune loi ou aucun décret.

Cependant l’administration de Jovenel  Moise en 2020 s’était mise d’accord avec la Banque Mondiale sur un projet  «  Haïti Digital Accelerator » qui devrait s’étaler sur six années (2021- 2027)

Les objectifs du projet sont beaucoup plus modestes que ceux de l’agenda numérique de la République Dominicaine.

Il s’agit d’accroître l’accès aux services à large bande en Haïti et d’établir les bases de la résilience numérique pour répondre aux chocs.

Les concepteurs de ce projet estiment que la résilience numérique implique deux niveaux d’interventions : (a) renforcer la résilience de l’infrastructure numérique aux chocs ; et (b) développer des services numériques pour aider à répondre aux chocs.

Pour la première couche, le gouvernement haïtien(GoH) doit s’assurer que l’infrastructure de connectivité est robuste et fournit un niveau minimum de fonctionnalité en cas de catastrophe ; par exemple, en adoptant les exigences de résilience et de récupération du réseau recommandées par l’Union internationale des télécommunications (UIT).

Ainsi donc Le projet aidera le régulateur des Télécoms en Haïti, CONATEL, à élaborer et à mettre en œuvre les directives de l’UIT et veillera à ce que l’infrastructure nouvellement construite réponde aux normes de l’UIT.

 La deuxième couche implique le développement de services numériques pour soutenir les services d’urgence du GoH tels que la détection des menaces, la diffusion en temps opportun de messages d’alerte précoce, l’organisation d’une réponse rapide et la garantie d’un niveau minimum de continuité des activités pour le GoH, le secteur privé et les particuliers.

Nous avons dans de précédents textes fournis un certain nombre de détails sur ce projet au coût de 60 millions de dollars financé par la Banque Mondiale.

Aujourd’hui ce qu’il convient de souligner c’est l’absence d’une coordination, à défaut  d’une harmonisation  de ces deux agendas numériques (Agenda 2030 pour la République Dominicaine et Agenda 2027 pour Haïti) soutenus par deux institutions bancaires internationales.

En effet , des deux côtés de l’île on se propose de faire des transformations numériques . Dans certain cas , ces transformations qui sont des transitions d’un système vers un autre  système requièrent une certaine coordination entre les deux pays se partageant l’île.

Normalement et particulièrement cette harmonisation devrait être l’affaire des deux régulateurs : Indotel et Conatel.

Malheureusement les relations entre ces deux institutions de sont quelque peu «  dégradées ». Le régulateur dominicain a même déclare qu’il n’y a pas d’interlocuteur valable en Haïti.

Cette situation regrettable , comme pour tout le reste, n’hypothéque pas seulement la réussite déjà assez problématique (pour des raisons étrangères à la République Dominicaine) de l’agenda numérique d’Haïti (Agenda 2027), elle met également en danger le succès escompté pour l’agenda digital 2030 de la République Dominicaine.

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