Président Hyppolite | Discours du 1er Janvier 1891 : Port-au-Prince est relié au monde par un câble sous-marin

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Eske nou se yon pèp lib jodi-a ? Poze tèt nou kesyon sa-a epi mande kòman Ariel Henry fè kote li ye a, ki mounn ki mete’l la e kòman nou fè aksepte pou lap pale anpil konsa o pwen li vle chanje Kontitisyon nou an ?

C’était indigne de descendants de ceux qui venaient de faire de si grandes choses; mais telle a été l’ardeur des passions, la soif du pouvoir, que nos mains, sans hésitations, ont souvent essayé de renverser l’édifice à peine élevé.

CITOYENS et Soldats,

Quatre-vingt-huit ans se sont accomplis depuis que nos pères, réunis aux Gonaïves, ont juré de vivre libres et indépendants. En ce jour, la Nationalité haïtienne était créée, et, malgré les vicissitudes, les tourmentes de toutes sortes qui ont accablé Haïti, le serment de nos devanciers a toujours été pour nous solennel et sacré.

En effet, si nous jetons un regard sur le passé, que voyons-nous? Un peuple d’esclaves n’ayant pour armes que des instruments aratoires, qui se lève, qui brave les immortelles légions de l’Egypte et du Rhin, et qui, à force de constance, de foi dans la lutte,
arrive à les vaincre et à créer la première République où l’homme noir ait vécu en maître et en seigneur.

Des événements aussi considérables ne sont pas rappelés ici pour nous donner l’orgueil des faits accomplis, mais bien pour nous révéler que la plus noble et la plus sainte des
causes est celle de la Liberté.

Mais arrêtons-nous un moment sur le mot Liberté, pour nous demander ce que nous avons fait, pour en être dignes depuis que nous l’avons conquise.

À peine avions-nous été mis en possession de cette liberté que des luttes malheureuses et regrettables nous ont divisés, et que ce sol que venaient de nous liguer nos pères était
couvert de nos propres débris et s’abreuvait de notre propre sang.

C’était indigne de descendants de ceux qui venaient de faire de si grandes choses; mais telle a été l’ardeur des passions, la soif du pouvoir, que nos mains, sans hésitations,
ont souvent essayé de renverser l’édifice à peine élevé.

Pourtant il n’a point été détruit, car le Dieu de miséricorde qui nous avait placés sur cette terre, où hier nous étions esclaves, nous réservait à de hautes destinées. C’est à ces destinées, Concitoyens, qu’il nous faut, en ce moment, travailler avec ardeur et courage; c’est a relever la race si infortunée à laquelle nous appartenons que nous devons consacrer tous nos efforts; c’est à montrer au monde civilisé que nous sommes doués des aptitudes qui font la gloire et l’honneur des grandes Nations que désormais nous allons travailler en commun.

Pour arriver à ces beaux résultats, que nous faut-il? En parfait esprit d’harmonie, de paix, de fusion, de concorde !

C’est à la réalisation de ces idées que le Gouvernement dont je suis le Chef, consacre ses veilles.

Il est passé, le temps, où armés les uns contre les autres, nous faisions de notre Patrie deux camps où le Sang Haïtien coulait également, rien que pour satisfaire les passions
folles, quelquefois des ambitions erronées.

Quatorze mois de paix, pendant lesquels la politique a disparu pour faire place à l’administration, vous permettent sans doute, Concitoyens, d’apprécier tout ce que peuvent, en faveur du Pays, la bonne foi, l’honnêteté, l’énergie, le patriotisme!

Quatorze mois de paix ont permis à la République, si ce n’est de se relever de ses ruines, au moins d’attester de sa vitalité en se lançant dans les grandes voies créées par la civilisation et le progrès. Les finances remises sur un pied régulier; tous les services publics à jour; l’armée se réformant; l’instruction publique répandue à profusion dans toutes les couches de notre société ; les travaux publics s’affirmant par la construction de ponts, d’édifices importants, de roules; l’agriculture encouragée; la Capitale reliée à l’étranger par le câble sous-marin, tels sont les bienfaits de quatorze mois de paix, pendant lesquels le Gouvernement u pu avec calme, loyauté, exécuter une partie de son programme.

Il y a donc beaucoup de fait, mais il nous reste encore plus à faire, et je jure que, Dieu aidant, j’accomplirai ma tâche.

Haïtiens! groupons-nous! resserrons nos rangs pour maintenir cette paix si chère à tous. Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, j’ai foi que cette paix ne sera pas troublée. Ma foi ? je
la puise dans le besoin que chacun éprouve de la paix pour le développement de ses ressources morales et matérielles ; et si jamais des forcenés tentaient de nous la ravir, faisons que leur projet, dans leur sein infane, soit étouffé.

Maintenant, rendons-nous au temple du Seigneur pour le remercier des biens qu’il lui a plu de nous accorder dans le cours de l’année qui vient de finir et implorer sa bénédiction
pour celle qui commence ; mais avant de nous y rendre, crions tous ensemble :

Vive la République !
Vive la Liberté !
Vive l’Indépendance !

Président Florvil Hyppolite
1er janvier 1892

recherches : cba
Sources : Bulletin des lois [« ou » et actes ; « ou » et des actes du gouvernement] :  Haïti.
Éditeur  :  (Port-au-Prince)
Date d’édition :  1891

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