Haïti-RD. « Ce qu’il faut à la frontière, c’est un mur, mais un mur de manufactures…pour générer de l’emploi », plaide le maire de Dajabón

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Le directeur commercial de Codevi, Aníbal Capellán, soutient qu’Haïti offre une « formidable opportunité » aux entreprises qui souhaitent bénéficier du « nearshoring »… Les commerçants attendent avec impatience l’ouverture d’un nouveau marché qui sera inauguré à Ouanaminthe d’ici un mois ou deux et qui fonctionnera en complément de celui de Dajabón.

Lundi 10 mai 2021 ((rezonodwes.com))–Dans les allées bondées du marché dominicain de Dajabón, d’une importance vitale pour l’approvisionnement en nourriture du nord d’Haïti, le projet du gouvernement dominicain d’ériger une clôture à la frontière entre les deux pays est accueilli avec suspicion.

Ces plans, annoncés par le président Luis Abinader, se heurtent à la vision d’un commerce ouvert que veulent promouvoir les communautés vivant de part et d’autre du principal passage frontalier, qui réclament davantage de plans de développement et moins de clôtures.

La construction de la clôture devrait commencer au second semestre de cette année et, jusqu’à présent, les autorités ont seulement précisé que la clôture ne couvrira pas la totalité des 380 kilomètres de la ligne de démarcation, mais seulement les zones où il est aujourd’hui plus difficile de contrôler l’immigration irrégulière.

Le président de la Fédération des commerçants de Dajabón, Freddy Morillo, s’entretient avec Efe sur le pont qui relie sa ville à la ville haïtienne de Ouanaminthe, également connue sous le nom de Juana Méndez, et affirme que « le commerce est ce qui maintient la frontière calme et pacifique« .

« Ce qu’il faut à la frontière, c’est un mur, mais c’est un mur de manufactures, c’est un mur de zones de libre-échange, c’est un mur pour générer de l’emploi, un mur qui tient compte de la survie des deux peuples« , a déclaré Morillo.

Le maire de Dajabón, Santiago Riverón, s’exprime dans les mêmes termes. « J’ai toujours plaidé pour un mur, mais un mur d’entreprises dans les villes frontalières« , déclare le maire, assis dans son bureau, vêtu d’une chacabana, la guayabera dominicaine, et coiffé d’un chapeau à larges bords.

Il cite en exemple Codevi, un parc industriel construit par des entrepreneurs dominicains en Haïti, qui a contribué de manière décisive au développement de Ouanaminthe, une ville qui compte aujourd’hui 170 000 habitants, soit cinq fois la population de Dajabón.

UNE HISTOIRE À SUCCÈS

Dans les 28 entrepôts industriels de Codevi, l’activité est ininterrompue. Plus de 14 000 Haïtiens en uniforme cousent des vêtements sans interruption, dans une atmosphère de travail organisé qui contraste avec l’agitation et le chaos qui règnent dans les rues de Ouanaminthe.

Les 12 usines du parc industriel assemblent principalement des textiles, mais il y a de la place pour les équipements médicaux, les panneaux solaires et les appareils ménagers, des secteurs qui peuvent exporter sans droits de douane vers les États-Unis grâce à l’accord commercial Hope and Help.

Le directeur commercial de Codevi, Aníbal Capellán, a expliqué qu’Haïti offre une « formidable opportunité » aux entreprises qui souhaitent bénéficier du « nearshoring », la pratique commerciale promue par les États-Unis dans le but de trouver des fournisseurs dans les pays proches de leurs côtes.

Le parc industriel s’apprête à agrandir ses installations et prévoit de doubler le nombre de travailleurs d’ici quelques années, ce qui aura également des répercussions en République dominicaine en générant des emplois indirects et en augmentant les échanges commerciaux.

PLANS DE DÉVELOPPEMENT

Parallèlement au projet de clôture, le gouvernement dominicain a lancé plusieurs plans de développement pour la frontière, le principal étant le renouvellement pour 30 ans de la loi d’incitations fiscales accordées aux entreprises qui s’installent dans la région.

Cette loi est en vigueur depuis 20 ans et, bien qu’elle ait contribué à l’établissement d’environ 80 entreprises dans la région, elle n’a pas répondu aux attentes en matière de création d’emplois et n’a pratiquement pas réussi à attirer des investissements dans le sud-ouest, la région la plus pauvre du pays.

L’un des projets phares du président Abinader, la construction d’un complexe hôtelier près de Pedernales, qui générera 14 000 emplois directs dans une zone jusqu’ici vierge de tout tourisme, commence à être développé dans cette région.

UN NOUVEAU MARCHÉ

Dans le nord, les commerçants attendent avec impatience l’ouverture d’un nouveau marché qui sera inauguré à Ouanaminthe d’ici un mois ou deux et qui fonctionnera en complément de celui de Dajabón, ce qui pourrait encore accroître les échanges entre les deux pays.

Une étude récente de la Banque centrale dominicaine souligne que le flux commercial de ces marchés informels est plus important qu’on ne le pensait et qu’il s’agit de plus de 330 millions de dollars par an, ce qui équivaut à 7,5% du total des exportations dominicaines.

source : Efe

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