Flashback-15 mars 2003. Haïti mise en tutelle par l’ONU ?

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Denis Paradis, de retour d’un voyage en Haïti :« Si les Canadiens traitaient leurs animaux comme les autorités haïtiennes traitent les citoyens, on les mettrait en prison. »

Il faut renverser Aristide. Et ce n’est pas l’opposition haïtienne qui le réclame, mais une coalition de pays rassemblée à l’initiative du Canada !

par Michel Vastel 15 mars 2003
lactualite.com

Vendredi 9 avril 2021 ((rezonodwes.com))–

La dernière fin de semaine de janvier, une rencontre secrète s’est tenue à Ottawa et sur les bords du lac Meech, dans le parc de la Gatineau. Le secrétaire d’État du Canada pour l’Amérique latine, l’Afrique et la Francophonie, Denis Paradis, a invité des représentants de l’Organisation des États américains (OEA), de la Commission économique européenne (CEE) et de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie à « brasser des idées » sur le drame haïtien. La France avait délégué son ministre de la Coopération, Pierre-André Wiltzer; le Secrétariat d’État américain avait envoyé deux fonctionnaires de haut rang; et le Salvador, sa ministre des Affaires étrangères, Maria Da Silva.

Le groupe réuni par Denis Paradis (et qui porte pour l’instant le nom de code « Initiative d’Ottawa sur Haïti ») n’est pas prêt à attendre les élections de 2005 pour que le régime change. En fait, la communauté internationale souhaiterait régler cette question avant le 1er janvier 2004 et le bicentenaire de la plus ancienne république des Antilles.

« Je ne veux pas finir comme Roméo Dallaire », a dit le ministre Paradis à ses invités. Les événements de 1994 au Rwanda ont en effet exposé au grand jour les horreurs auxquelles peut conduire l’inaction de la communauté internationale: les Casques bleus de l’ONU, placés sous le commandement du général canadien Dallaire, assistèrent, impuissants, au massacre de 500 000 à un million de personnes.

En Haïti, ce sont 8,2 millions de francophones (plus que la population du Québec) qui vivent dans un état de pauvreté « écœurante », a constaté Denis Paradis au cours d’un premier voyage, en 2000, à l’époque où il était secrétaire parlementaire du ministre des Affaires étrangères, John Manley. « Si les Canadiens traitaient leurs animaux comme les autorités haïtiennes traitent les citoyens, dit-il, on les mettrait en prison. »

Un taux de chômage officiel de 60% et un produit intérieur brut par habitant de 469 dollars par année, une espérance de vie de moins de 50 ans pour les hommes et de 54 ans pour les femmes: Haïti se classe, selon l’Indice de développement humain des Nations unies, 150e sur les 173 pays recensés. L’anarchie est telle qu’au moins un milliard de dollars en aide internationale sont retenus par les bailleurs de fonds, qui craignent que les sommes ne soient utilisées à d’autres fins.

La misère des Haïtiens, qui échoue à l’occasion sur les côtes de la Floride et des îles françaises de la Guadeloupe et de la Martinique, reste le secret le mieux gardé de la planète. L’île est loin du siège social de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie, à Paris. La France est trop préoccupée par ce qui se passe en Côte d’Ivoire. Les pays membres de l’OEA sont divisés sur la façon d’intervenir en Haïti, qui serait aussi une importante plaque tournante du trafic de la drogue. Et les États-Unis, obsédés par leur sécurité intérieure, ne s’intéressent guère à cette république de 27 797 km2 – plus petite que la Belgique -, sans pétrole, sans intérêt stratégique, où l’on parle français de surcroît.

Le Canada s’est toujours senti une responsabilité particulière envers ce petit pays francophone des Antilles, d’autant qu’on estime à 120 000 le nombre d’Haïtiens qui vivent au Québec – le président Aristide a lui-même étudié à la faculté de théologie de l’Université de Montréal. Le gouvernement Mulroney appuyait le retour au pouvoir de Jean-Bertrand Aristide, qui avait été destitué et condamné à l’exil après un coup d’État, en septembre 1991. Mais les élections de novembre 2000 ont créé une impasse entre le Lafanmi Lavalas – le parti du président – et l’Organisation du peuple en lutte, qui contrôle le Parlement. Depuis, c’est un véritable régime de terreur qui s’est installé.

La communauté internationale entend, selon un nouveau principe des Nations unies, se prévaloir de sa « responsabilité de protéger ». Ce principe a été établi en décembre 2001 par la Commission internationale de l’intervention et de la souveraineté des États, créée par le Canada en septembre 2000, à la suite d’un appel du secrétaire général des Nations unies. La responsabilité de protéger est ainsi définie: « Quand une population souffre gravement des conséquences d’une guerre civile, d’une insurrection, de la répression exercée par l’État ou de l’échec de ses politiques, et que l’État en question n’est pas disposé ou apte à mettre un terme à ces souffrances ou à les éviter, la responsabilité internationale de protéger prend le pas sur le principe de non-intervention. »

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