Le discours du pape Jean-Paul II censuré par la TNH, lors d’une rediffusion dans la soirée du 9 mars 1983 : « Il faut que quelque chose change » n’avait pas plu au dictateur à vie

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9 mars 1983 – textes des 2 principaux discours prononcés par Jean-Paul II à Port-au-Prince


« Il faut que quelque chose change« , a été censuré par la TNH, lors de la rediffusion de l’événement à la tombée de la nuit du 9 mars 1983. Nous avons appris qu’au fil des ans que cette partie du discours du pape Jean-Paul II était une improvisation de dernière minute… Ce petit bout de phrase qui avait suscité tant d’ovations chez les haitiens avides d’un changement de régime, n’est retrouvé dans aucun des 2 textes que Rezo Nòdwès soumet à votre appréciation pour remonter au voyage d’un pape, l’unique en Haïti depuis le 9 mars 1983.

« Il faut que quelque chose change » n’avait pas plu au président à vie, qui, pour simple réponse, a déclaré plus tard que « kavalye pa kon’n chanje chwal’li nan mitan dlo« .

Mercredi 11 mars 2020 ((rezonodwes.com))–Ces discours sont extraits des archives du Vatican.

CÉRÉMONIE DE BIENVENUE

DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II

Port-au-Prince (Haïti)
Mercredi, 9 mars 1983

Monsieur le Président,
Chers Frères dans l’épiscopat,
Chers Frères et Sœurs,

Je salue avec joie et émotion cette terre d’Haïti. Voilà bientôt cinq cents ans que la croix du Christ y a été plantée, qu’on y a célébré la première Eucharistie, récité le premier Ave Maria. Aujourd’hui enfin, le successeur de l’Apôtre Pierre vient à vous. Je sais avec quel empressement vous avez attendu et préparé ma venue. Je vous en remercie.

Je salue tout le peuple haïtien dont l’histoire s’est tissée peu à peu au milieu de conquêtes et d’épreuves qui ont forgé ses traits caractéristiques, particulièrement attachants. Je salue les dirigeants, ceux qui exercent les plus grandes responsabilités, et je leur sais gré de m’accueillir ainsi. Et je salue en même temps chaque citoyen haïtien, chaque famille haïtienne, surtout ceux qui souffrent. Je ne peux me rendre auprès de chacun, mais je veux que tous sachent qu’ils sont également présents à la pensée et au cœur du Pape.

Bonjour tout peuple Haïtien

Moin vini oué nou.

Moin poté la pé ak Ké Kontan Gran Mèt la pou nou.

(Bonjour à tout le peuple haïtien; je viens vous voir, et je vous apporte la paix et la joie du Seigneur).

Je salue avec une joie particulière l’Eglise catholique qui est en Haïti, ses évêques, ses prêtres, religieux, religieuses, ses laïcs: une Eglise jeune, une Eglise à la foi fervente, à la prière vibrante, une Eglise très liée au sort du peuple haïtien. Durant mon bref séjour, je ne pourrai pas aborder tous ses problèmes qui me tiennent à cœur. Mais je viens avant tout confirmer son œuvre dans ce qu’elle a de meilleur, et son projet d’évangélisation. J’ai entendu beaucoup de témoignages sur sa vie méritante.

J’ai lu le message du Symposium de décembre dernier: je viens encourager mes frères et sœurs d’Haïti à le réaliser. L’Eglise y a pris conscience de ses possibilités, des grâces que le Seigneur lui a faites, et aussi de ses limites, des obstacles, des difficultés; elle a appelé chacun à la conversion, riche ou pauvre, pour déraciner le mal dans les personnes et dans la société; elle a réaffirmé la dignité de tous, voulu que l’Evangile soit toujours la Bonne Nouvelle pour les pauvres; elle a appelé tous ses membres à une pastorale solidaire, pour un avenir religieux et humain digne de ce peuple, dans la liberté et la responsabilité.

Dans ce contexte, je remercie de tout cœur Monsieur le Président de la République, qui vient de faire connaître au grand public la nouvelle selon laquelle il est disposé à renoncer de lui-même au privilège, dont jouit actuellement le Chef de l’état Haïtien en vertu du Concordat du 28 mars 1860, de nommer les archevêques et les évêques.

Je vous assure, Monsieur le Président, que ce désir, inspiré par les vœux du Concile Œcuménique Vatican II, ne pourra que profiter tant au développement harmonieux de l’Eglise Catholique dans ce Pays qu’à L’état Haïtien.

Je viens encourager ce réveil, ce sursaut et cette marche de l’Eglise, pour le bien de tout le pays. Nous allons le faire maintenant au cours d’une assemblée eucharistique et mariale qui clôture votre Congrès. C’est dans la prière et dans l’amour que nous puisons la lumière et la force de servir nos frères.

Que le Seigneur bénisse notre ministère sur cette chère terre d’Haïti!

CÉRÉMONIE DE DÉPART

DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II

Port-au-Prince (Haïti)
Mercredi, 9 mars 1983

En quittant cette terre d’Haïti, je renouvelle l’expression de ma gratitude à tous ceux qui m’ont réservé un accueil si chaleureux. Principalement à Son Excellence Monsieur le Président de la République, qui s’est directement intéressé à la préparation de ma visite et aux responsables des différents services qui ont permis l’heureux déroulement de mon bref séjour, mon contact avec le peuple haïtien.

De ce peuple, j’emporte un souvenir inoubliable et je lui exprime mes vœux les plus sincères pour son bien-être et sa prospérité. A cet effet, j’encourage les efforts que les dirigeants sont en train d’accomplir. Je suis conscient des graves difficultés qu’ils rencontrent et je leur assure pour cela l’union de mes prières, tandis que je lance un vibrant appel aux Pays amis de Haïti et aux organismes internationaux afin qu’ils lui apportent leur concours généreux.

Je renouvelle aussi ma grande gratitude et mes vœux cordiaux à tous les pays que j’ai pu visiter en Amérique Centrale, et à toute l’Amérique Latine, représentée ici par les pasteurs qui font partie du CELAM.

Que Dieu vous permette avec toutes les forces vives de ces nations pleines de jeunesse de construire pour chaque personne et chaque communauté un avenir digne de l’homme, digne de la foi chrétienne si largement partagée dans ce continent. Mon merci particulier va évidemment à tous les habitants d’Haïti qui sont venus à ma rencontre avec bienveillance et confiance, frères d’autres confessions chrétiennes et amis de notre religion.

Je remercie particulièrement tous mes frères et sœurs catholiques avec qui j’ai eu la joie de vivre un temps fort, le sommet de leur Congrès Eucharistique et Marial; celui-ci doit se poursuivre, je veux dire porter ses fruits. Chers amis, donnez libre cours à votre prière fervente. Puisez aux sources authentiques de la Foi. Restez fidèles à l’église.

Les chrétiens d’ici font partie de la grande Eglise du Christ répandue dans tous les continents que j’ai reçu mission de garder dans la fidélité et la dignité au service du Seigneur Jésus. Je vous demeurerai très uni, j’emporte toutes vos intentions, toutes vos préoccupations, toutes vos inspirations dans ma prière, priez aussi pour moi. J’embrasse mes Frères dans l’Episcopat et j’assure tous les collaborateurs, prêtres, religieux, religieuses et laïcs de mon affection.

Kinbè fè-m: Têt ansanm, min nan min.

Mèsi . . . Mèsi . . . Au revoir.

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