Le gouvernement de Jovenel Moïse atteint des niveaux de corruption endémique jamais vus depuis la chute du dictateur Duvalier en 1986, souligne International Trade Union Confederation

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« Le président Moïse est de facto un dictateur » ITUC

La communauté internationale ferme les yeux sur l’une des pires crises humanitaires et sociales de l’histoire d’Haïti, encore aggravée par la pandémie de Covid-19, a révélé l’International Trade Union Confederation.

Haïti: mettre fin au silence face à l’érosion de la démocratie

Vendredi 6 novembre 2020 ((rezonodwes.com))–

Au cours de ces dernières années, ce pays caribéen a vu ses services publics se désintégrer totalement, l’État de droit s’effondrer et les violations des droits humains se généraliser.

Le gouvernement actuel de Jovenel Moïse a atteint des niveaux de corruption endémique que l’on n’avait plus vus depuis la fin du régime autocratique de Duvalier en 1986. L’an dernier, la Cour supérieure des comptes d’Haïti a rendu public le détournement de 1,459 milliard EUR provenant d’un accord pétrolier avec le Venezuela et destinés initialement à financer des projets de développement et d’infrastructure. Plusieurs hommes d’affaires haïtiens et la classe politique, dont le président lui-même, sont impliqués.

Dans un pays où l’application de la loi est corrodée, les bandes de criminels ont pris le contrôle, donnant lieu à des massacres devenus monnaie courante. En 2018, 71 personnes ont perdu la vie dans le massacre de La Saline, un quartier pauvre de la capitale Port-au-Prince. Les enquêtes indépendantes ont révélé l’implication du gouvernement dans ce bain de sang, mais la plupart des responsables n’ont jamais été inculpés. Trois événements atroces se sont produits depuis, notamment au début du mois de septembre, date à laquelle 12 personnes ont été brutalement assassinées.

Les syndicalistes font l’objet de répressions systématiques : vagues de licenciements, arrestations arbitraires et menaces de mort visant les travailleurs des quelques secteurs ayant eu la possibilité de créer des syndicats, comme l’éducation, le secteur public et les zones franches d’exportation. Les attaques du gouvernement dirigées contre les syndicats se sont généralisées, le ministre de l’Éducation se chargeant de transférer les responsables du syndicat de l’éducation placés sous mandat d’arrêt. Le ministre des Travaux publics, aspirant à accélérer la privatisation du secteur de l’électricité, a ordonné la délivrance de mandats d’arrêt contre les dirigeants syndicaux de ce secteur.

Autre exemple de corruption endémique et de violations des droits humains, plusieurs allégations dignes de foi font état d’abus sexuels systématiques pratiqués sur les filles de l’académie nationale de football et signalent la confiscation de leur passeport. Le président de la fédération nationale de football, Yves Jean-Bart, et trois autres responsables officiels, ont été suspendus par la FIFA, tandis que les enquêtes se poursuivent.

Le président Moïse est de facto un dictateur, étant donné que les élections législatives prévues l’an dernier n’ont jamais eu lieu et que le pays ne bénéficie d’aucune représentation parlementaire. Son pouvoir est sur le point de se renforcer davantage encore, ayant récemment appelé à un référendum en vue de réformer la constitution du pays, ce qui, dans les conditions actuelles, ne peut se faire librement ou légitimement.

La secrétaire générale de la CSI Sharan Burrow a déclaré: «La communauté internationale se croise les bras pendant que les travailleurs d’Haïti subissent les attaques et les exactions systématiques d’une élite dont le seul langage est la violence et la corruption. Le président lui-même profite de cette indifférence, se permettant de continuer à diriger par la force sans craindre aucune mesure venue de l’extérieur. Ce n’est qu’en brisant le silence au niveau international que la société civile haïtienne pourra unir ses forces pour restaurer la démocratie

Afin de pouvoir agir, la CSI et ses affiliés haïtiens, les confédérations CTH et CTSP, comptent parmi les cosignataires d’une nouvelle coalition internationale d’organisations de défense des droits humains, réclamant la fin de l’impunité dans le pays et contestant la prise de pouvoir par le président Moïse. Pour de plus amples informations concernant cette campagne, rendez-vous sur le site https://www.cetri.be/Haiti-Stop-au-silence-et-a-la?lang=fr.

auteur du texte : ITUC
The International Trade Union Confederation (ITUC) is the global voice of the world’s working people.

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