Ben Toussaint, un chercheur passionné de la technologie de pointe

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Lauréat du prix Louis d’Hainaut de la meilleure thèse en technologie éducative en 2017, les recherches avancées et services loyaux du docteur en Intelligence Artificielle, Ben Manson Toussaint, peuvent se révéler porteurs d’espoir pour les institutions de transmission du savoir en Haïti.

Mardi 14 juillet 2020 ((rezonodwes.com))– Fort de ce contexte covidique « challenging », assorti d’un scepticisme critique au niveau des interactions sociales, l’intelligence artificielle (IA) se dresserait comme une planche de salut pour des institutions et des jeunes dynamiques en vue de cesser de faire la planche dans l’oisiveté et la parasité.

Co-fondateur du laboratoire SITERE, premier laboratoire de recherche scientifique en informatique en Haïti et en IA dans la région, co-fondateur de la plateforme de la Technologie Hybride pour l’Education, la Science et le Savoir (THESS), mentor en IA et ML à Google AI Accelerators, co-fondateur et PDG de Seekncheck, Ben Toussaint  s’engage à mettre la technologie au service des communautés. Le statisticien-ingénieur diplômé du CTPEA et de l’ESIH y voit un moyen efficace pour améliorer les conditions de vie de la population.  

Lorsque l’on sait que de nombreuses opportunités sont offertes entre autres dans le domaine de l’outsourcing, on ne peut que confirmer la thèse du docteur en technologie diplômé de l’université de Grenoble qui a déjà travaillé sur une plateforme de traduction et relecture spécialisée dans plus de 35 langues et 50 domaines d’expertise.

En effet, à travers les services d’externalisation ITO/BPO, l’Inde, le Taiwan, la Corée du Sud, le Rwanda, l’Afrique du Sud, etc. ont réussi à tirer leurs économies vers le haut. Des milliards de dollars sont générés par ces pays émergents en contrepartie de services fournis à de nombreuses compagnies des pays industrialisés. A travers des projets de programmation et de création de logiciels, les entreprises de la Sillicon Valley dont Google, Facebook, Apple, Amazon, sollicitent en permanence l’expertise d’ingénieurs et de développeurs de certains pays émergents qui se positionnent stratégiquement dans le processus de l’outsourcing.

Le monde étant un village habité par 7.7 milliards de voisins, si les dirigeants haïtiens s’attelaient à mettre en place les conditions préalables telles que les infrastructures, la communication et l’électricité, sans folklore, sans canular, Haïti aurait pu emboîter le pas à de nombreuses pratiques profitables aux jeunes, aux entrepreneurs et aux professionnels. Un changement de trajectoire vers une meilleure intégration de la force de travail et le développement de diverses capacités aurait pu alors se dessiner.

Quand on sait que de plusieurs entités « élitistes » ne possèdent même pas de site internet – des universités sans curricula exposés au public intéressé, une palanquée de professeurs sans adresses courriel, sans empreintes sur un clavier d’ordinateur, des cours d’informatique sans computer – ce ne sont pas les ressources humaines qualifiées qui vont combler le gap technologique au pays. En amont de la dissémination des outils technologiques, il faudra une volonté, une vision et donc un leadership multisectoriel, émané surtout de l’Etat, afin de faciliter l’implémentation de tels projets.

Le capital humain, essentiel mais non suffisant

Ben Toussaint, parmi tant d’autres cerveaux versés dans des domaines scientifiques actuellement en forte demande, représentent des ressources humaines compétitives à capter et à mobiliser au profit des intérêts du pays, particulièrement à la croisée des chemins entre les défis de la Covid et l’usage efficace de la technologie.

S’il est vrai que cette récente révolution favoriserait un apprentissage efficient et dynamique sans nécessité de présence physique des acteurs par exemple, les professeurs chercheurs reconnaissent que le numérique ne vient qu’en aval. Avant même de penser mise en place de la technologie, il y a urgence de capitaliser sur un leadership et des visions solides des acteurs importants du système. Ce sont également des propos tenus par le professeur Luckny Zephyr lors du Webinar organisé par l’Unesco le 9 juillet dernier sous le titre « La place du numérique, de l’éducation fondamentale à l’enseignement supérieur en Haïti : perspectives pour une nécessaire révolution ».

En effet, une année scolaire entière trépassée, la formation universitaire et professionnelle dans le coma, l’instruction de niveau classique neutralisée, l’arrivée impromptue de l’intrus du début de la décennie vient empoisonner et compliquer davantage le cours de la vie dans les pays à retard de développement fulgurant.

Dans ces conditions de confusion et de blackout, le projet PRATIC du MENFP ne pourra pas s’implémenter avec efficacité. L’université boiteuse – dépourvue du minimum minimorum, caractérisée par des curricula surannées, une bonne partie du staff professoral « analphanète », sans email, sans initiation à l’usage d’un ordinateur – ne pourra certainement pas répondre aux nouveaux enjeux imposés par le coronavirus.  À quand donc des mesures de politiques publiques incitatives et inclusives pour faire face aux défis de taille additionnels imposés par la Covid-19 qui requièrent des approches imprégnées de proactivité et d’adaptabilité ?

A l’image du tremblement de terre qui n’exterminait pas en soi les centaines de millions de vies de nos compatriotes, la Covid-19 en elle-même n’aurait pas non plus le dos bien large pour porter les sept péchés capitaux d’une société délabrée, sans lumière, sans leadership, sans vision ; mais remplie de criminels, de dealers, d’usurpateurs, particulièrement à l’hypophyse de la sphère publique.

Pendant que les gamins des pays occidentaux et émergents sont en possession de tablettes pour poursuivre confortablement en ligne leurs études académiques, même nos universitaires n’ont pas la possibilité de déguster les effets positifs de cette pratique d’enseignement à distance. De quels professeurs d’ailleurs ? Appuyé sur quel système d’évaluation,  ak ki internet, ak ki kouran ?

Concilier la science et l’art, la philosophie de vie de Ben Toussaint

Lecteur passionné, se raffolant d’un livre par semaine, professeur Toussaint concilie de la même façon que son modèle Leonard de Vinci, la science informatique et l’art de dessiner.  L’ancien Toastmaster humoriste, consommateur des cartoons et des séries comiques, conseille aux lecteurs d’éviter le piège de l’autosatisfaction tout en s’évertuant à tirer les autres vers le haut.

L’entrepreneur moderne a déjà créé des produits et des services grâce à des technologies de pointe pour résoudre des problèmes importants au profit de millions de personnes.

Dans sa vision pour une Haïti meilleure, Ben plaide pour que la société accorde aux jeunes talentueux et qui en démontrent la volonté, l’environnement et les moyens nécessaires pour générer de la valeur. L’informatique et l’Internet pourraient évidemment servir de levier afin de faciliter des interactions et des expansions en affaires qui vont même au-delà de l’insertion du jeune en Haïti.

De manière analogue au constat d’échec des institutions du pays face à l’emploi des moyens technologiques, les inventaires pourraient facilement montrer que le sous-développement ne se situe pas tant dans le manque de ressources, qu’elles soient financières ou humaines.  Il suffit de scruter le contexte de certains pays africains pour le confirmer dans une triste réalité d’exploitation à outrance par l’Occident. En effet, un pays peut disposer de richesses naturelles au sol, au sous-sol et dans l’espace, mais s’il ne se dégage aucune vision et aucun leadership dans les sphères de décisions au profit de la collectivité, ses plans d’émergence ou de développement durable resteront de vœux pieux. Ce n’est pas le slogan post-séisme « Haïti pays émergent en 2030 » qui prouvera le contraire.

Et si la société prenait l’option, à juste titre, de changer de paradigme pour solliciter l’expertise des personnalités chevronnées et de bons niveaux académiques et donc accueillir au sein des institutions clés des références en matières technologique, mathématique, médical, économique, sociologique, vous imaginez combien de problèmes Haïti aurait résolus. Tant vaut le dirigeant, tant vaut la nation.

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com 

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