Haiti – Covid19 : L’allocution du président Jovenel Moïse : un centre hospitalier sans service d’urgence

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par Me Guerby Blaise

Jeudi 19 mars 2020 ((rezonodwes.com))– Le président de la République a pris sa responsabilité ce jeudi soir devant la nation haïtienne  pour confirmer l’apparition de la pandémie de Covid-19 en présentiel sur le territoire haïtien lors d’une allocution au palais présidentiel.

Loin d’étiqueter une intention malveillante au premier citoyen de la nation,  président MOÏSE apparaissait inquiet dans sa voix, voire dans son comportement gestuel. Il ne semblait pas trop rassurant. Peu sûr de ses propos. Il va sans dire que personne n’ignorait la dangerosité du virus et de la prudence sanitaire à adopter puisque ce désormais « maître-vie »dissémine depuis des semaines des cercueils quasiment partout dan le monde.

Or, il apparaît que le discours du chef de l’État aurait été improvisé ; en tout cas il ne semble pas avoir eu la touche des scientifiques. Au vrai, il n’est pas étonnant que nos autorités montrent leur mépris à l’intérêt général, mais il est sincèrement malaisé de constater combien la vie et la survie des citoyens ne les préoccupent pas dans le cadre de leurs  politiques publiques. 

Sans remettre en cause la bonne foi du président de la République, il importe de déceler la légèreté de la responsabilité de nos autorités à travers les propos tenus par le chef de l’Etat dans les points suivants: En effet, il convient de remarquer que le chef de l’État paraphrase son homologue français, Emmanuel MACRON, dans les dispositifs de sécurité d’emploi. Mais, cette imitation aurait dû être bien maîtrisée par les conseillers économiques du palais national avant de proposer au chef de l’État la transposition de cette dénomination sur notre territoire.

En l’espèce, président MOÏSE a évoqué le «  télétravail » sans même se rendre compte que le mécanisme de télétravail ne peut pas se développer sans la mise en place d’une technologie adéquate de contrôle entre l’employeur et les salariés depuis chez eux. À ce jour, il faut se questionner sur le nombre d’entreprises privés ou d’institutions étatiques qui sont équipées dans le domaine.

On ne pratique de télétravail par téléphone. C’est le minimum que les conseillers économiques du chef de l’État auraient dû savoir. Plus loin, le chef de l’État a enjoint la fermeture des FACTORY , des écoles et des universités sans faire aucune proposition de compensation financière aux pauvres ouvriers, aux professeurs et aux enseignants.

Qui pis est, le discours du président MOÏSE n’a pas mentionné les dispositions prises avec les écoles pour assurer la continuité des cours des élèves pendant la période de confinement. En ce qui a trait au couvre-feu annoncé par le chef de l’État, cette initiative est louable, mais elle semble moins pertinente sur deux angles. En effet, c’est une mesure attentatoire à la liberté individuelle, et effectivement le président l’a bien encadrée par le décret de l’État d’urgence sanitaire qu’il a proclamé.

Cependant, d’une part, il est étonnant que les conseillers juridiques du palais national n’ont pas conseillé au président de la République que toute mesure contraignante doit être assortie de sanction au regard de la nécessité d’une justice sanctionnable pour être effective. Ainsi, la tentative de la transposition du confinement du ministère français de l’intérieur est imitée maladroitement. D’autre part, il importe de se questionner sur l’utilité de cette mesure de confinement partiel. Car, alors que la propagation du virus s’optimise par les contacts physiques, le président l’a annoncé de 8h PM à 5h du matin ; créneaux horaires où les gens dorment en général. Par ailleurs, l’auteur a été l’un des premiers à conseiller aux autorités d’interdire tout rassemblement massif.

Toutefois, il est sans intérêt d’interdire le rassemblement des gens sans les faire assortir d’une punition, puisque le fait de ne pas assujettir à l’interdiction gouvernementale constitue un comportement antisocial, qui doit être sanctionné. Or, aucune sanction prévue  n’est mentionnée par le chef de l’État en cas de non respect de cette mesure.Dans son allocution, le président de la République a bien pris son temps pour envoyer un message très fort sur la vente des produits en première ligne face à cette pandémie. En clair, il est évident que président MOÏSE souhaite que le juste prix soit respecté.

En revanche, sauf erreur de la part de l’auteur, il n’est pas sans avoir que le ministère du commerce n’a arrêté aucune fixation de prix sur les produits en Haïti, sauf l’essence et le gasoil et peut-être autres produits a minima. De quel prix fixe les conseillers du président de la République souhaiteraient insérer dans l’allocution de leur chef? Enfin, le président de la République a lancé un message fort à l’unité et à la Solidarité nationale.

Si ce message unitaire et solidaire est louable, il est compréhensible que le président ne pouvait pas s’en passer  en ce qu’il continue l’instrument politico-social incontournable pour aider le président de la République à éviter de potentiel acharnement insensé, injuste et immature  de l’opposition en cette période. C’est vraiment le seul de positif dans les propos tenus par le président Jovenel MOÏSE avec l’avènement de la pandémie séculaire la plus meurtrière. Toutefois, tout n’est pas encore perdu puisque le gouvernement peut se faire rattraper dans un décret !

Me. Guerby BLAISE                
Avocat et Enseignant-chercheur en Droit pénal et Procédure pénale                
École doctorale de Paris Nanterre                
E-mail : kronmavie@icloud.com

2 COMMENTS

  1. Comme toujours Me. Guerby, c’est en toute insécurité que la popolation vit. Tout ce intéresse ce gouvernement c’est son mandat et faire des profits monétaires. Comment un ministre de La Santé dans une telle situation de dire qu’on a 200 lits mais ne mentionne pas où sont ces lits? La situation du professeur Bellamy dit tout. Pour protéger les Etas-Unis, le gouvernent a laissé attérir les avions américains sous prétexte que les passagers sont sous le controle du scrinage; ce qui est faux et Cuba, à cause du vaccin. Vous comprenez? Combien de promesses faites par ce gouvernement sont réalisées?

  2. J’ai oublié de rappeler que le Canada voisin des Etats Unis a fermé toutes ses frontières afin qu’aucunamericain ne vienne chez lui. Alors qu’Haiti, snas hopitaux, sans pansement, sans matériels en général ouvre la route pour exposer ses citoyens déjà vunérables à la mort.

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